par Glenn Somerville

Les suppressions d'emplois ont été plus nombreuses encore qu'attendu puisque les économistes et analystes interrogés par Reuters en anticipaient en moyenne 525.000. Ils tablaient parallèlement sur un taux de chômage de 7,5%, après 7,2% en décembre.

Le nombre des postes supprimés le mois dernier est le plus élevé depuis les 602.000 de décembre 1974 et le taux de chômage est au plus haut depuis septembre 1992.

"L'économie est en train de tomber dans un puits sans fond et cela va empirer", prévient Greg Salvaggio de Tempus Consulting à Washington.

De l'avis de plusieurs analystes, ces mauvais chiffres devraient accroître la pression sur les parlementaires américains pour parvenir à un accord sur le plan de relance proposé par Barack Obama, pour l'instant bloqué au Sénat.

"Ces chiffres soulignent l'urgence du plan de relance à Washington", estime Subodh Kumar, chef stratège à Subodh Kumar & Associates. "Le taux de chômage va souligner l'urgence d'aboutir à quelque chose maintenant, plutôt que d'attendre pour aboutir plus tard à un plan équilibré".

Le président américain a estimé que le chiffre des suppressions d'emplois constituait une "nouvelle désastreuse" et il a souligné l'urgence d'adopter le plan de relance de l'économie.

"Il est inexcusable et irresponsable de rester enlisé dans les circonvolutions et les retards pendant que des millions d'Américains sont privés d'emploi", a dit le nouveau locataire de la Maison blanche lors de la présentation d'un nouveau comité consultatif sur l'économie.

"Il est temps pour le Congrès d'agir. Il est temps d'adopter un plan de relance et de réinvestissement économique pour remettre notre économie en mouvement", a-t-il ajouté.

LES EXCEPTIONS : SANTÉ, ÉDUCATION ET FONCTION PUBLIQUE

Wall Street a ouvert en hausse, les investisseurs ayant désormais bon espoir qu'un accord soit rapidement trouvé au Sénat sur le plan de relance. Sur le marché des fonds d'Etat américains, le papier long a aggravé ses pertes face aux importants besoins de financement public pour mettre en oeuvre les mesures de relance.

Des responsables du département du Travail ont souligné que les suppressions d'emplois s'accéléraient.

"La forte baisse de l'emploi en janvier porte les suppressions d'emplois à 3,6 millions depuis le début de la récession en décembre 2007", déclare dans un communiqué Keith Hall, responsable des statistiques du département du Travail, soulignant que "la moitié environ de la baisse a eu lieu au cours des trois derniers mois".

Les suppressions d'emplois de novembre et décembre ont été révisées à la hausse, à 597.000 et 577.000 respectivement.

Le mois dernier, l'industrie manufacturière a perdu des emplois à un rythme sans précédent depuis plus de 26 ans, avec 207.000 suppressions d'emploi en janvier, après 162.000 au mois de décembre.

La dernière fois que le secteur manufacturier avait perdu autant d'emplois en un seul mois remonte à octobre 1982 avec 221.000 suppressions d'emplois. L'indice mesurant le nombre total d'heures travaillées dans ce secteur est par ailleurs tombé à son niveau le plus bas depuis 1940.

Le secteur de la construction a enregistré 111.000 suppressions d'emplois, après 86.000 en décembre, et Hall a souligné que le rythme des suppressions d'emplois s'accélérait.

Le secteur de la distribution a perdu 45.000 salariés après avoir supprimé 82.700 emplois en décembre.

Le département du Travail a recensé 121.000 suppressions dans les services qui avaient déjà perdu 106.000 emplois le mois précédent.

Les seuls secteurs qui ont créé des emplois sont la santé, l'éducation et la fonction publique.

De l'avis des analystes, aucun répit n'est à attendre à court terme vu l'ampleur de la dégradation du marché du travail au mois de janvier.

"C'est une nouvelle confirmation que nous traversons une récession profonde et longue et le pire n'est même pas encore en vue", estime Robert MacIntosh, chef économiste à Eaton Vance Management à Boston.

Version française Marc Angrand, Gwénaëlle Barzic et Grégory Blachier