* Il s'agit d'un aéroport militaire au nord d'Alep

* Parallèlement, offensive rebelle dans le fief des alaouites

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN, 6 août (Reuters) - Les rebelles syriens se sont emparés mardi d'un important aéroport militaire près de la frontière turque, consolidant leur position sur une voie d'approvisionnement importante au nord d'Alep, a annoncé l'opposition.

Parallèlement lundi, les rebelles se sont dirigés vers Kardaha, la ville natale de Bachar al Assad, au deuxième jour d'une offensive surprise dans le fief des alaouites, la branche du chiisme dont est issu le président Bachar al Assad, toujours selon l'opposition.

L'aéroport pris mardi, situé sur la route entre Alep et la ville turque de Gaziantep, est tombé après un siège de huit mois. Il s'agit d'une victoire importante d'un point de vue symbolique pour l'opposition, après une série de défaites essuyée conte les forces du président Assad dans le centre de la Syrie.

"L'aéroport a été totalement libéré. On est à la recherche de ce qui reste des bandes d'Assad", lit-on dans un communiqué publié par les neuf brigades ayant pris part à l'opération, parmi lesquelles figurent l'Etat islamique d'Irak et du Levant, lié à Al Qaïda, et les radicaux des Brigades Taouhid.

Mohamed Nour, un militant du Réseau Chams News, une organisation d'opposition qui suit les opérations sur le terrain, explique que l'aéroport était en grande partie tombé aux mains de rebelles ces deux derniers mois.

Il précise qu'un groupe de 70 militaires environ avait réussi à tenir dans une petite partie de l'aéroport comprenant le quartier général de commandement, lequel a été détruit lundi après un attentat suicide lors du quel un blindé a été lancé contre le bâtiment.

"La plupart des défenseurs restant ont été tués dans l'attentat suicide. Les autres ont pris la fuite sur trois chars, dont l'un a été détruit par les rebelles", explique Mohamed Nour.

Le mois dernier, les forces de Bachar al Assad avaient tenté d'empêcher la prise de l'aéroport en lançant une offensive blindée à partir d'Alep, soutenue par les membres du Hezbollah basés dans deux villages chiites près de la ville, selon des sources de l'opposition dans le nord.

Lundi, les forces rebelles armées de missiles antichars, comprenant dix brigades composées principalement d'islamistes, dont deux groupes liés à Al Qaïda, ont avancé jusqu'aux environs du village alaouite d'Aramo, situé à 20 kilomètres de Kardaha, en profitant d'un terrain accidenté.

REBELLES TIRANT ET PRIANT

Dimanche, les rebelles s'étaient emparés d'une demi-douzaines de villages dans la partie nord de la montagne alaouite, qui se situe à l'est de la ville portuaire de Lattaquié. Cette région est la principale zone de recrutement pour les unités de la garde prétorienne de Bachar al Assad qui comprend la Garde républicaine, la Quatrième division et les forces spéciales.

Ces combattants pro-Assad se trouvent principalement à Damas d'où ils dirigent les opérations contre les rebelles principalement sunnites.

"Des dizaines de personnes appartenant aux forces du régime ont été tuées ces deux derniers jours. L'objectif est de libérer nos gens à Lattaquié et cela exige de passer par Kardaha", expliquait lundi Salim Omar, un militant du Réseau Cham News.

"C'est une guerre qui se fait d'une hauteur à l'autre. La région est accidentée et les chars ne sont pas d'une grande utilité au régime", a ajouté Salim Omar qui s'est exprimé d'un endroit de la côte non divulgué.

Les unités rebelles, a-t-il précisé, qui comprennent l'Etat islamique d'Irak et du Levant et le Front Al Nosra, lui aussi lié à Al Qaïda, ont détruit trois chars qui étaient positionnés sur une hauteur tenue par l'armée syrienne surplombant la localité de Salma, un village sunnite à la lisière de la montagne alaouite.

"Les rebelles attaquent avec des missiles antichars, ce qui leur donne un avantage dévastateur sur ce terrain. Les Chabbiha (les milices pro-Assad, NDLR) ont pris un coup au moral. Ils pensaient que les chars pouvaient les protéger", commente encore Salim Omar.

Selon un autre réseau de surveillance des événements, le Réseau syrien des droits de l'homme, neuf rebelles ont été tués dans les combats de lundi.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition basée à Londres, fait pour sa part état de 12 rebelles et 19 combattants pro-Assad tués dans les combats dimanche. Dans les 19 pro-Assad, figurent des militaires et des membres de la milice du président, l'Armée de défense nationale.

Une vidéo prise par les activistes montre les rebelles tirant des missiles antichars russes Konkurs et priant près d'un char après s'être emparé de la position de l'armée surplombant Salma. D'autres images montrent des combattants de la brigade Ansar al Cham tirant un missile sol-sol Grad en direction d'un sommet. (Danielle Rouquié pour le service français)