Les législateurs ont utilisé des écouteurs pour écouter les traductions en direct vers l'espagnol des discours en catalan, basque et galicien, alors qu'ils débattaient de la modification du règlement du Parlement pour permettre leur utilisation dans les procédures, qui était auparavant interdite à la chambre basse mais partiellement admise au Sénat.

La réforme a été adoptée par 176 voix pour, 169 contre et deux abstentions. Elle intervient alors que le Premier ministre par intérim, Pedro Sanchez, demande aux partis séparatistes catalans de le soutenir lors d'un vote d'investiture.

Le gouvernement intérimaire de M. Sanchez a également demandé à l'Union européenne de rendre les trois langues officielles dans les institutions de l'Union.

Jose Ramon Gomez Besteiro, député socialiste de la région de Galice (nord-ouest), a été le premier à s'exprimer dans sa langue maternelle, le galicien. Il a été interrompu par Pepa Millan, porte-parole du parti d'extrême droite Vox, qui s'est opposée à l'utilisation de cette langue.

Après que l'orateur l'a réprimandée, les 33 législateurs de Vox ont quitté l'hémicycle en signe de protestation, laissant leurs écouteurs sur un siège où s'assoit habituellement M. Sanchez. Les législateurs du Parti populaire (PP), un parti conservateur, ont refusé de les utiliser.

La nouvelle mesure a été adoptée le 17 août en échange du soutien à la candidature de Francina Armengol à la présidence du Parlement.

L'élection de cette dernière constitue la première étape des efforts déployés par M. Sanchez pour séduire les partis régionaux, qui détiennent les clés du renouvellement de son mandat.

Il devra attendre la fin du mois de septembre pour que son adversaire conservateur, Alberto Nuñez Feijoo, du Parti populaire (PP), fasse une première tentative pour obtenir le poste de premier ministre, après que son parti soit arrivé en tête des élections générales de juillet.

M. Feijoo, qui est bilingue et parle le galicien, n'a pas réussi jusqu'à présent à réunir suffisamment de voix pour obtenir une majorité.

L'utilisation publique des langues régionales espagnoles a été censurée par l'État pendant la dictature de Francisco Franco.

Après la mort de Franco en 1975, la jeune démocratie espagnole a adopté des constitutions régionales qui les ont déclarées officielles dans leur région, au même titre que l'espagnol.

L'utilisation de ces langues est depuis longtemps un sujet de discorde entre la droite nationaliste espagnole, qui défend une vision centralisée du pays, et d'autres partis qui cherchent à renforcer les droits régionaux et la diversité.

On estime à 9 millions le nombre de locuteurs du catalan, à 3 millions le nombre d'utilisateurs du galicien et à quelque 750 000 le nombre de personnes parlant couramment le basque.