Jusqu'à ces derniers jours, la perspective d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt d'un quart de point le 25 octobre restait un risque sérieux, mais un rapport publié cette semaine montrant que l'inflation a chuté plus que prévu en septembre a largement consolidé les opinions selon lesquelles il n'est pas nécessaire d'aller plus loin pour l'instant.

L'économie montre des signes de tension en raison des 475 points de base de hausse des taux depuis le début de 2022, ce qui donne aux décideurs politiques suffisamment de raisons d'attendre et de voir dans quelle mesure les décisions passées en matière de taux vont freiner la demande et un marché du logement déjà en perte de vitesse.

Entre-temps, le marché du travail canadien reste tendu, avec une croissance explosive de la masse salariale en septembre, ce qui a rendu le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, confiant dans le fait que même si l'économie ralentit, elle ne se dirige pas vers une grave récession.

Le risque d'une reprise de l'inflation, mesurée pour la dernière fois à 3,8 %, a conduit la plupart des économistes à penser que ce n'est pas le moment pour la banque centrale d'indiquer clairement qu'elle a fini de relever ses taux.

Vingt-neuf des 32 économistes interrogés entre le 13 et le 20 octobre ne s'attendent pas à une modification du taux d'intérêt au jour le jour de 5,00 % de la banque centrale, les trois autres s'attendant à une hausse de 25 points de base.

"La décision de la Banque du Canada concernant le taux d'intérêt la semaine prochaine sera une prise de position optimiste", a déclaré Randall Bartlett, directeur principal de l'économie canadienne chez Desjardins.

"Elle reconnaîtra que l'économie s'est refroidie plus rapidement qu'elle ne l'avait prévu en juillet et que l'inflation en septembre, en particulier l'inflation de base, a démontré un rythme de ralentissement qui nous permet de faire preuve d'un optimisme prudent.

Alors que la plupart des économistes sont convaincus que la banque centrale a fini de relever ses taux, une minorité significative d'économistes qui ont répondu à une question supplémentaire, 8 sur 18, ont déclaré que le risque que la BdC relève ses taux au moins une fois de plus est "élevé".

L'inflation étant toujours près de deux fois supérieure à l'objectif de 2,0 % de la Banque centrale et ne devant pas descendre aussi bas avant au moins 2025, la banque centrale n'a pas encore de marge de manœuvre pour assouplir sa politique.

Néanmoins, une majorité des deux tiers, 20 sur 30, estiment que la Banque du Canada réduira son taux d'intérêt au jour le jour au moins une fois avant la fin du mois de juin 2024. C'est une proportion légèrement plus élevée que dans un sondage publié cette semaine sur les attentes en matière de taux pour la Réserve fédérale américaine, qui supervise une économie plus forte.

La répartition des prévisions des économistes concernant le taux au jour le jour d'ici à la fin du mois de juin est très variable. Sept économistes ont retenu le taux médian de 4,75 %, 12 le voient à 4,50 % ou moins et 11 s'attendent à ce qu'il soit à 5,00 % ou 5,25 %.

La dernière enquête de la BoC sur les perspectives des entreprises a montré les conditions les plus faibles depuis la pandémie de COVID-19, soulignant les inquiétudes que l'économie pourrait connaître des difficultés dans les mois à venir.

L'activité du marché de l'immobilier a chuté et les prix des logements sont également en baisse, car la hausse des taux hypothécaires pèse sur les ménages parmi les plus endettés au monde.

Alors que la plupart des sondés ne s'attendent pas à une récession majeure, un tiers des économistes interrogés prévoient une récession officielle, définie comme deux trimestres consécutifs de contraction de la production économique.

"Selon nous, le resserrement de la politique monétaire ne fait que commencer à faire sentir ses effets sur l'économie", a déclaré Tony Stillo, directeur de l'économie canadienne chez Oxford Economics.

"Contrairement à la Banque qui prédit un atterrissage en douceur, nous pensons que le Canada est entré dans une récession qui contribuera à ramener l'inflation à son niveau cible d'ici la fin de l'année prochaine. Cependant, la Banque pourrait choisir de se tromper en optant pour un resserrement excessif plutôt que pour un resserrement insuffisant."

(Pour d'autres articles du sondage Reuters sur l'économie mondiale :)