par Amy Sawitta Lefevre

BANGKOK, 5 avril (Reuters) - Des milliers de partisans de la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra ont gagné samedi la banlieue de Bangkok pour participer à un rassemblement de trois jours organisé en réaction à la mobilisation de l'opposition, qui réclame sa démission depuis novembre.

Les militants du Front uni pour la démocratie contre la dictature, surnommés les "chemises rouges", se disent décidés à protéger leur championne, sous le coup d'enquêtes qui pourraient entraîner sa destitution.

Le chef de file du mouvement assure ne pas chercher la confrontation avec les opposants, réunis eux-aussi à 30 km de là, dans le parc Lumpini voisin du quartier d'affaires de Bangkok.

"Il s'agit de montrer notre force et de signifier à l'élite que nous n'accepterons pas que Yingluck soit destituée par la justice", a déclaré à Reuters Jatuporn Promphan.

Les partisans de la Première ministre, qui dénoncent un complot judiciaire, attendent jusqu'à 500.000 manifestants.

"La route que les chemises rouges ont choisie peut recevoir 300.000 personnes en même temps. A ce stade, 10.000 manifestants sont arrivés mais nous tablons sur une augmentation continue au fil de la journée", a indiqué Paradorn Pattanathabutr, conseiller à la sécurité de Yingluck Shinawatra.

La contestation en cours n'est que le dernier épisode d'une crise politique qui agite la Thaïlande depuis huit ans.

24 MORTS DEPUIS NOVEMBRE

Elle oppose d'un côté les classes moyennes et les élites conservatrices et, de l'autre, des militants souvent issus de milieux modestes et ruraux, favorables à Yingluck Shinawatra et à son frère Thaksin, renversé par l'armée en 2006, qui vit en exil après avoir été condamné pour corruption.

Les manifestations parfois violentes organisées depuis novembre ont fait 24 morts.

Les contestataires du Comité de réforme démocratique du peuple (PDRC) ont en outre perturbé les élections législatives anticipées du 2 février, que Yingluck avait convoquées pour tenter de désamorcer la crise, ce qui a entraîné leur invalidation par la Cour Constitutionnelle, le 21 mars.

Mercredi, la même cour a jugé recevable la plainte déposée par 27 sénateurs qui accusent la Première ministre d'abus de pouvoir lors de la mutation du chef des services de sécurité nationaux en 2011.

Elle est par ailleurs sous le coup d'une enquête de la Commission anticorruption qui la soupçonne de manquements à ses obligation dans l'affaire des coûteuses subventions allouées à la riziculture. La commission pourrait entamer une procédure de destitution dont l'issue dépendra du Sénat. (Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Tangi Salaün)