* Baisse de 5% de la production mondiale après les attaques

* La reconstruction des sites pourrait prendre plusieurs mois

* Les cours du brut en forte hausse

* Pas de réunion d'urgence de l'Opep

* Washington accuse l'Iran

* Les attaques revendiquées par le mouvement yéménite houthi

* (Actualisé avec déclaration des Houthis)

par Roberta Rampton et Arshad Mohammed

WASHINGTON, 16 septembre (Reuters) - Les Etats-Unis sont prêts à riposter aux attaques menées contre des infrastructures pétrolières saoudiennes, a annoncé dimanche Donald Trump, après qu'un haut responsable de son administration en a imputé la responsabilité à l'Iran.

Le chef de la Maison blanche a autorisé dimanche le recours aux réserves stratégiques américaines de pétrole après les deux attaques de drones contre des installations de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco, qui ont réduit de moitié la production de pétrole du royaume d'Arabie saoudite, entraînant une diminution de 5% de la production mondiale.

Lundi matin, les cours du baril de Brent prenaient 8,29% à 65,21 dollars vers 07h30 GMT tandis que ceux du baril de brut WTI gagnaient 7,58% à 59,01 dollars. et

"Nous avons des raisons de croire que nous connaissons le coupable, nous sommes prêts à agir en fonction des vérifications, mais nous attendons du royaume de nous dire qui, selon eux, est à l'origine de cette attaque et de quelle manière nous allons procéder!", écrit Donald Trump sur Twitter.

LES HOUTHIS REVENDIQUENT, WASHINGTON ACCUSE TÉHÉRAN

Les attaques ont été revendiquées par le mouvement yéménite houthi, allié chiite de l'Iran, contre lequel l'Arabie saoudite et ses alliés arabes sunnites interviennent militairement depuis 2015.

Ils ont renouvelé lundi leurs menaces contre les installations d'Aramco, prévenant qu'elles pourraient être attaquées "à tout moment" et réclamant la fin de l'intervention saoudienne au Yémen.

Un haut responsable de l'administration américaine déclarait dimanche que l'ampleur et la précision des attaques étaient telles que les rebelles Houthis du Yémen ne pouvaient pas en être les auteurs, suggérant une responsabilité de l'Iran.

"Il ne fait aucun doute que l'Iran est responsable. Quel que soit l'angle sous lequel on aborde la question, pas moyen d'y échapper. Il n'y a pas d'autre candidat. Les preuves pointent en direction de l'Iran", a déclaré à l'agence Reuters ce haut responsable, étayant des accusations formulées dès samedi par le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo.

Selon les éléments cités par ce responsable américain à l'appui des accusations de Washington, 19 points d'impact ont, dit-il, été recensés, ce qui cadrerait mal avec les déclarations des Houthis qui ont affirmé que dix drones avaient été utilisés pour cette double attaque.

Reconnaissant l'ampleur inédite des attaques, qui ont notamment visé le plus grand site mondial de transformation de brut, à Abkaïk, les autorités de Ryad n'ont avancé aucun délai avant la reprise de la production.

S'appuyant sur des images du site dévasté, le cabinet de conseil Rapidan Energy Group estime que la reconstruction pourrait prendre plusieurs mois et prolonger d'autant la pénurie de production.

"Aramco dispose cependant d'infrastructures vacantes susceptibles de contribuer au maintien de la production au cours des opérations de maintenance", dit Rapidan.

Selon Helima Croft, directrice mondiale de la stratégie en matières premières de RBC Capital Markets, le signal envoyé par ces attaques est désastreux pour le royaume saoudien.

"Abkaïk est le centre nerveux du système énergétique saoudien. Même si les exportations repartaient dans les 24 ou 48 prochaines heures, l'image d'invulnérabilité a été sérieusement ternie", dit-elle.

Une source a déclaré lundi à Reuters que le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, s'était entretenu avec le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, pour évoquer l'évolution de la situation sur le marché pétrolier. Selon cette source, il n'est pas question, à ce stade, de réunir d'urgence l'Opep et ses alliées. (Arthur Connan et Nicolas Delame pour le service français, édité par Sophie Louet)