La BCE a laissé ses taux inchangés, comme prévu, en laissant même la porte ouverte à davantage d'assouplissement si nécessaire et en suggérant que le resserrement de sa politique monétaire pourrait s'avérer plus progressif qu'un certain nombre d'intervenants de marché ne l'anticipaient.

La banque centrale a révisé légèrement à la baisse ses prévisions d'inflation pour les deux prochaines années, prenant ainsi en compte la vigueur de la monnaie unique, à laquelle Mario Draghi s'est dit attentif.

L'euro a repassé dans la foulée la barre de 1,20 dollar, touchant un plus haut en séance à 1,2059 avant de se calmer un peu, autour de 1,2015 (+0,84%), ce qui porte sa progression face au dollar depuis le début de l'année autour de 14,3%.

"Le résultat est que la BCE semble avancer dans ses projets de ralentissement du rythme d'accommodation (monétaire) mais que l'appréciation de l'euro semble constituer un obstacle important pour le moment", a résumé Rasmus Gudum-Sessingø (Handeslbank Capital Markets).

LES RENDEMENTS OBLIGATAIRES BAISSENT

Les indices boursiers, confortablement dans le vert avant les annonces de la BCE, ont réduit un peu les gains suite aux propos de Mario Draghi. À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,26% (13,21 points) à 5.114,62 points. Le Footsie britannique a pris 0,58% et le Dax allemand 0,67%. L'indice EuroStoxx 50 a gagné 0,4%, le FTSEurofirst 300 0,25% et le Stoxx 600 0,27%.

La plupart des compartiments ont fini dans le vert mais pas les banques, qui aimeraient que les taux montent et dont l'indice Stoxx a cédé 0,75%.

La plus forte hausse du CAC 40 est pour Engie (+2,67%) qui continue de grimper après le placement de titres de l'Etat réalisé avec une faible décote.

A l'inverse, le plus net repli de l'indice parisien est pour TechnipFMC qui a cédé 2,09% au lendemain d'une présentation à des investisseurs dans laquelle le groupe parapétrolier a évoqué entre autres un risque de difficultés persistantes dans son segment "Subsea".

Sur le marché obligataire, les annonces de la BCE ont eu pour effet de faire baisser les rendements de la dette publique. Celui des emprunts d'Etat portugais à 10 ans perdait ainsi 10 points de base, à 2,7%. Celui du Bund allemand de référence, qui évoluait en hausse avant l'intervention de Mario Draghi, cédait pour sa part près de quatre points de base, autour de 0,3%.

Du côté du pétrole, les cours du baril sont pratiquement stables malgré l'annonce d'une hausse plus forte que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

A l'heure de la clôture en Europe, les indices de Wall Street évoluent sans tendance claire avec un bond de près de 2% pour le laboratoire pharmaceutique Eli Lilly, qui a annoncé un plan d'économies prévoyant la suppression de 3.500 emplois dans le monde.

Les annonces de la BCE ont eu peu d'effet sur les futures à la Bourse de New York, qui avait réagi favorablement mercredi soir à l'annonce d'un accord sur le relèvement du plafond de la dette publique des Etats-Unis écartant jusqu'en décembre la menace d'une fermeture des administrations fédérales.

(Patrick Vignal, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Patrick Vignal