Un mouvement de défiance vis-à-vis des devises des marchés émergents pèse sur l'ensemble des marchés d'actions, avec un indice MSCI monde qui s'apprête à accuser sa plus forte baisse hebdomadaire depuis mi-décembre.

"Nous nous attendons à ce que le courant de vente sur les marchés émergents s'accentue avant d'entamer un retour", dit Lorne Baring, de B Capital Wealth Management à Genève. "Il est clair qu'il y a un phénomène de contagion et le sentiment négatif se propage des marchés émergents vers les marchés développés."

Les marchés émergents sont notamment perturbés par la crise du peso argentin qui marque son plus fort recul journalier depuis la crise financière de 2002, accentuant ses pertes de la veille, alors que la banque centrale argentine a abandonné sa bataille pour le soutien du peso. Elle a liquidé plus de 30% de ses réserves l'an dernier pour intervenir sur les marchés des changes.

La crise de la devise argentine pèse particulièrement sur la Bourse de Madrid qui se replie de près de 3% à mi-séance, et entraîne une perte de 6% d'Aberdeen Asset Management qui investit dans les marchés émergents.

À Paris, l'indice CAC 40 recule de 1,45% à 4.218,88 points vers 12h10 GMT. À Francfort, le Dax perd 1,24% et à Londres, le FTSE cède 1%. L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 essuie une perte de 1,6%.

Wall Street est annoncée en baisse, les futures sur indices new-yorkais signalant une ouverture en baisse d'environ 0,8%, dans des marchés affectés en outre par de nouvelles déceptions sur les résultats, l'inquiétude face au ralentissement de la croissance en Chine et la perspective d'une nouvelle réduction des achats d'actifs de la Réserve fédérale américaine lors de sa prochaine réunion de politique monétaire la semaine prochaine.

Sur le marché des changes, la roupie indienne a également touché son plus bas niveau en deux semaines et le dollar australien est tombé à un point bas de trois ans et demi, tandis que le yen, l'euro et le franc suisse profitent de leur statut de valeur refuge auprès des cambistes.

La livre turque a elle aussi touché un nouveau record à la baisse, à 2,32 pour un dollar, alors que la banque centrale a dépensé au moins deux milliards de dollars jeudi pour tenter de porter à bout de bras sa devise.

Le marché obligataire est recherché par les investisseurs en quête de sécurité, ce qui entraîne une hausse des futures sur le Bund allemand et sur les obligations du Trésor américain dont les rendements ont ainsi touché leur plus bas niveau en huit semaines.

L'or, également en vogue, s'échange près de son pic de neuf semaines et devrait afficher sa cinquième semaine de hausse d'affilée.

Le Brent est repassé sous la barre des 107 dollars le baril, en baisse de 0,8% malgré le froid aux Etats-Unis qui dope la demande et réduit les stocks de pétrole. Il s'apprête à afficher sa plus forte hausse hebdomadaire en cinq semaines.

Aux valeurs en Europe, Celesio bondit de plus de 5%. Le distributeur pharmaceutique américain McKesson a finalement réussi à prendre le contrôle du groupe allemand, dix jours après l'échec d'une première tentative.

Juliette Rouillon pour le service français, édité par Nicolas Delame