par Tatiana Fragou et Karolina Tagaris

ATHENES, 4 mai (Reuters) - Les Grecs sont appelés à renouveler dimanche pour quatre ans les 300 sièges du Parlement lors d'élections anticipées qui devraient sanctionner la rigueur née de la crise de la dette et des plans de sauvetage financier de leur pays.

Les deux grands partis traditionnels, Nouvelle démocratie et le Pasok (socialiste), qui avaient obtenu aux législatives de 2009 un score cumulé de 77% des voix, pourraient ne plus peser que 35 à 40% des suffrages.

L'enjeu dimanche soir sera de savoir s'ils sont en mesure de former une alliance majoritaire et de poursuivre les programmes d'austérité, condition du versement de l'aide financière internationale de 130 milliards d'euros.

Si la Grèce élit une majorité qui ne respecte pas ses engagements internationaux, elle devra "en supporter les conséquences", a prévenu vendredi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

Brève présentation du processus électoral et du contexte économique de ce scrutin.

PROCESSUS ELECTORAL

Le vote est obligatoire en Grèce, où l'on compte quelque 9,9 millions d'électeurs âgés de plus de 18 ans. Les 18-29 ans et les plus de 66 ans constituent la moitié de l'électorat.

On recense 360.000 nouveaux électeurs pour ces législatives anticipées, qui n'avaient pas 18 ans lors des précédentes élections législatives, fin 2009.

La Grèce est divisée en 56 circonscriptions, dont le nombre de députés est proportionnel à la population. Athènes, où vit la moitié de la population grecque, désigne 59 députés. Douze des 300 députés sont parallèlement nommés directement par les partis.

Pour qu'un parti puisse siéger au Parlement, il doit franchir le seuil de 3% au moins des suffrages.

Les bureaux de vote seront ouverts de 07h00 (04h00 GMT) à 19h00 (16h00 GMT). Les premiers résultats devraient être connus à partir de 21h30 (18h30 GMT), et les résultats définitifs dans la nuit.

En raison de dispositions légales, les derniers sondages disponibles remontent à plus de deux semaines. Ils indiquaient alors que ni Nouvelle démocratie (droite) ni le Parti socialiste (Pasok) n'étaient en mesure de décrocher la majorité absolue.

Le président Karolos Papoulias devrait alors confier au chef du parti arrivé en tête la mission de négocier dans les trois jours un accord de gouvernement et former un gouvernement de coalition avec d'autres partis.

En cas d'échec, la tâche serait confiée au chef de file du parti arrivé en deuxième position, puis au chef de file du troisième parti.

Un nouvel échec conduirait le président de la République à nommer un gouvernement intégrant toutes les forces politiques parlementaires chargé d'expédier les affaires courantes et d'organiser de nouvelles élections.

CONTEXTE ECONOMIQUE

La Grèce, qui a dû négocier deux plans de sauvetage avec ses partenaires de l'Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne, est dans sa cinquième année consécutive de récession.

Depuis l'éclatement de la crise de la dette, en octobre 2009, le produit intérieur brut a baissé de plus de 13% en termes réels. La récession devrait être de l'ordre de 5% cette année, selon George Provopoulos, le gouverneur de la banque centrale de Grèce. Dans ses dernières perspectives, le FMI table sur une contraction comprise entre 4,5 et 5% du PIB grecque.

Le chômage a explosé, atteignant selon les dernières statistiques officielles 21% de la population active. Il est particulièrement fort chez les moins de 25 ans, où il est passé de 21,5% en janvier 2008 à 50,4% en décembre dernier. A titre de comparaison, seule l'Espagne fait pire en Europe (50,5% des jeunes Espagnols sont sans emploi). Au Portugal, qui occupe le troisième rang de ce classement, le taux de chômage chez les moins de 25 ans est de 35,4%. En France, il est de 21,7%.

La dette souveraine est passée, elle, de 159 milliards d'euros en 2002 à 350 milliards en 2011.

En février dernier, la Grèce a obtenu de la "troïka" de ses créanciers internationaux (UE, FMI et BCE) un second plan de sauvetage de 130 milliards d'euros en contrepartie duquel elle s'est engagées à de nouvelles coupes budgétaires et réformes structurelles.

Un accord d'échange de dettes sans précédent avec les investisseurs privés a également été bouclé, aboutissant à réduire de 100 milliards les 350 milliards d'euros de dette accumulée par la Grèce.

RENVOI

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LE POINT sur les élections: (avec David Cutler à Londres, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser)