Le 21 février, dans une déclaration demandant aux forces de sécurité d'expulser tous les immigrés clandestins, le président Kais Saied a qualifié l'immigration de complot visant à modifier la démographie de la Tunisie en la rendant plus africaine et moins arabe.

La police a arrêté des centaines de migrants, des propriétaires ont sommairement expulsé des centaines de personnes de leur logement et des centaines d'autres ont été licenciées, selon les associations de défense des droits de l'homme.

De nombreux migrants ont déclaré avoir été attaqués, notamment à coups de pierres par des bandes de jeunes dans leurs quartiers, et les groupes de défense des droits ont déclaré que la police avait été lente à réagir à ces agressions.

Si M. Saied a nié tout racisme dans une déclaration faite le 23 février, il a répété qu'il considérait l'immigration comme un complot démographique. Avant dimanche, M. Saied n'avait pas publiquement mis en garde contre les conséquences juridiques de ces agressions.

Dans sa déclaration de dimanche, il a décrit les accusations de racisme comme une campagne menée contre le pays "à partir de sources connues", sans donner plus de détails.

Il a toutefois ajouté que la Tunisie était honorée d'être un pays africain et a annoncé un assouplissement des règles relatives aux visas pour les citoyens africains, autorisant des séjours allant jusqu'à six mois au lieu de trois sans demande de résidence, et d'un an pour les étudiants.

Il a déclaré que les migrants ayant dépassé la durée de leur séjour pourraient partir sans pénalité, car bon nombre de ceux que les autorités cherchaient à expulser s'étaient révélés incapables de payer les amendes pour séjour tardif.

Il a présenté sa répression de l'immigration clandestine comme une campagne contre la traite des êtres humains et s'est appuyé sur une loi adoptée en 2018 contre la discrimination pour dire que toute agression verbale ou physique contre des étrangers ferait l'objet de poursuites.

Les partis d'opposition et les groupes de défense des droits ont déclaré que la répression de M. Saied contre les immigrants, qui a coïncidé avec l'arrestation de personnalités de l'opposition, visait à détourner l'attention de la crise économique en Tunisie.

M. Saied s'est emparé de la plupart des pouvoirs en 2021, fermant le parlement élu, passant à un gouvernement par décret et réécrivant la constitution, des mesures que ses ennemis, y compris les principaux partis politiques, qualifient de coup d'État.

Il a déclaré que ses actions étaient légales et nécessaires pour sauver la Tunisie du chaos.