LONDRES, 31 janvier (Reuters) - Le gouvernement britannique a annoncé mercredi qu'il remettrait au Parlement une note confidentielle sur l'impact économique du Brexit dont les extraits diffusés par le site BuzzFeed ont déclenché une nouvelle controverse autour de la gestion par Londrs des négociations avec Bruxelles.

"En voyant cette analyse, les membres de la Chambre des communes devront partager la responsabilité et l'obligation du gouvernement de garantir la sécurité de ces documents sensibles à l'égard des négociations (avec Bruxelles)", a prévenu le secrétaire d'Etat chargé du Brexit, Steve Baker.

Les parlementaires, a précisé l'adjoint de David Davis, seront tenus à une "stricte confidentialité" et le rapport ne sera pas publié tant que se poursuivront les négociations avec les Européens.

Le rapport, qui a fuité lundi soir sur le site BuzzFeed, évalue l'impact du Brexit en fonction de trois scénarios plausibles (1. accord de libre-échange complet avec l'Union européenne; 2. adhésion du Royaume-Uni à l'Espace économique européen à l'instar de la Norvège, de l'Islande et du Liechtenstein préservant son accès au marché commun; 3. absence d'accord).

Dans les trois cas, la croissance de l'économie britannique à quinze ans serait amputée.

L'article de BuzzFeed a valu une salve de critiques au gouvernement de Theresa May, pris sous le feu croisé des partisans d'un Brexit dur, qui dénoncent une stratégie de la peur et des estimations douteuses, et de la gauche travailliste.

Pour tenter d'éteindre la controverse, le gouvernement a souligné mardi que cette note était un document provisoire et partiel et qu'elle n'avait pas été validée par l'exécutif.

Downing Street a aussi fait observer que cette note ne mentionnait pas le scénario d'un accord "sur mesure" que Londres privilégie pour fixer le cadre des futures relations entre le Royaume-Uni et l'UE une fois passés le Brexit et la période de transition qui suivra.

La façon de gérer cette fuite a provoqué une nouvelle division au sein du gouvernement May, Steve Baker refusant de rendre cette note publique tandis que Philip Lee, un des secrétaires d'Etat du ministère de la Justice, prônait pour sa part la transparence.

Le gouvernement avait fait savoir mercredi dans la journée que les parlementaires pourraient consulter ce rapport "sur une base strictement confidentielle" si la Chambre des communes le demandait.

L'opposition travailliste, recourant à une ancienne procédure parlementaire, a contraint le gouvernement à le transmettre au Parlement.

"C'est une victoire pour le Parlement et pour notre pays", s'est félicité Keir Starmer, chargé du Brexit au sein du "shadow cabinet". "Le Parti travailliste attend des ministres qu'ils remettent ces documents d'ici la fin de la semaine. Ne pas le faire serait une obstruction à la volonté du Parlement." (Elizabeth Piper et David Milliken; Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)