NATIONS UNIES, 28 septembre (Reuters) - Le secrétaire général des Nations unies a dit jeudi craindre que les violences visant les Rohingya, qui touchent le nord de l'Etat birman d'Arakan, ne s'étendent à la partie centrale de cet Etat, où 250.000 personnes risquent de fuir des troubles.

Antonio Guterres a déclaré au Conseil de sécurité, qui a tenu sa première réunion publique sur la Birmanie depuis huit ans, que les violences avaient tourné au "cauchemar humanitaire, au cauchemar pour les droits de l'homme".

Elles sont en train de devenir "la situation d'urgence qui évolue le plus rapidement au monde" en matière de réfugiés.

"Nous avons recueilli des témoignages qui font froid dans le dos, venant de ceux qui ont fui, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées", a-t-il dit.

"Ces témoignages abondent dans le sens de violences excessives et de graves violations des droits de l'homme, par un usage aveugle d'armes à feu, l'utilisation de mines contre des civils et des violences sexuelles", a-t-il ajouté.

Plus de 500.000 musulmans apatrides Rohingya ont fui au Bangladesh voisin depuis le 25 août, jour où des insurgés rohingya ont attaqué une série de commissariats près de la frontière. Ces attaques ont entraîné de violentes représailles militaires, qui, pour les Nations unies, équivalent à une opération de nettoyage ethnique.

La réunion du Conseil de sécurité jeudi s'est tenue à l'initiative de la Suède, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Egypte, du Sénégal et du Kazakhstan.

Antonio Guterres a demandé à ce que l'aide humanitaire puisse parvenir sans délai aux régions en proie aux violences, et il s'est dit inquiet "face à l'actuel climat d'antagonisme visant les Nations unies" et les organisations caritatives.

"Ne pas remédier à ces violences systématiques risque d'avoir pour conséquence leur extension au centre de l'Etat de Rakhine, où 250.000 musulmans de plus pourraient devoir fuir", a-t-il continué. (Michelle Nichols, Eric Faye pour le service français)