(Actualisé avec déclarations de l'avocat allemand de Thanh § 10-11-12-13-16)

HANOÏ, 3 août (Reuters) - Les autorités vietnamiennes ont rejeté jeudi les accusations d'enlèvement par leurs services, en Allemagne, de Trinh Xuan Thanh, un ancien cadre de la compagnie nationale vietnamienne des pétroles dont la télévision vietnamienne a diffusé des aveux.

Berlin a accusé Hanoï d'enlèvement et a exigé que Trinh Xuan Thanh soit autorisé à retourner en Allemagne.

Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a regretté les accusations de l'Allemagne et a affirmé que Trinh Xuan Thanh s'était livré de lui-même.

"Le Vietnam respecte énormément l'Allemagne et souhaite développer un partenariat stratégique entre les deux pays", a dit à la presse une porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères.

L'ancien cadre de PetroVietnam a confirmé jeudi qu'il s'était rendu lui-même aux autorités, dans une allocution en direct à la télévision officielle vietnamienne.

"Je n'ai pas réfléchi et j'ai décidé de me cacher. Pendant ce temps, j'ai réalisé que je devais assumer mes erreurs et m'excuser", a-t-il déclaré.

"Par peur, je suis parti me cacher en Allemagne, où j'ai vécu de manière précaire et dans l'angoisse", a rapporté la chaîne de télévision, citant des aveux de Trinh Xuan Thanh datés du 31 juillet.

"Je suis retourné au Vietnam et je me suis présenté en personne aux enquêteurs."

Trinh Xuan Thanh, 51 ans, est accusé de mauvaise gestion par la justice de son pays pour avoir fait perdre environ 150 millions de dollars (127 millions d'euros) à PetroVietnam. Il était recherché depuis dix mois.

Mais à Berlin, l'avocat allemand qu'il avait engagé pour défendre sa demande d'asile a rejeté cette version des faits.

"Il n'aurait jamais fait cela. Il était terrifié à l'idée de rentrer (chez lui) et des conséquences qu'il pourrait y avoir", a dit Victor Pfaff à Reuters.

Des témoins, a-t-il ajouté, disent avoir vu des hommes armés faire monter de force un homme et une femme dans une voiture portant des plaques d'immatriculation tchèques le 23 juillet au matin devant l'hôtel Sheraton de Berlin où son client séjournait.

Le lendemain, a poursuivi l'avocat, Thanh était absent de l'audience où devait être instruite sa demande d'asile. "Ne pas venir, c'était absolument étrange de sa part. J'ai donc su immédiatement qu'il s'était passé quelque chose."

Sa demande d'asile est toujours en cours d'examen, a déclaré jeudi le ministère allemand des Affaires étrangères.

Une note du ministère indique également que les autorités vietnamiennes ont demandé l'extradition de Thanh, en marge de la rencontre entre le Premier ministre Nguyen Xuan Phuc et la chancelière Angela Merkel au sommet du G20 à Hambourg début juillet.

Thanh était arrivé en Allemagne en août 2016 au terme d'une odyssée de quatre jours via le Laos, la Thaïlande et la Turquie, a précisé son avocat. Il semblait mener une vie confortable à Berlin, où vivaient également son épouse et deux de leurs trois enfants. (Mi Nguyen, avec Madeline Chambers à Berlin,; Eric Faye et Arthur Connan pour le service français, édité par Henri-Pierre André)