Londres (awp/afp) - Le fonds public saoudien prendra une part de 10% de l'aéroport londonien de Heathrow et le Qatar deviendra son premier actionnaire, à l'issue de la vente par le groupe espagnol Ferrovial des 25% qu'il détient dans le premier hub britannique.

En vertu de l'accord, le français Ardian récupérera 15% de FGP Topco, maison mère de l'aéroport britannique, et le fonds public saoudien (FIP) 10%, pour un montant total de 2,7 milliards d'euros, selon un communiqué publié mardi soir par le géant du BTP espagnol.

La cession permet au fonds saoudien FIP de faire un pas de plus dans les infrastructures stratégiques européennes.

Le FIP s'est dit mercredi "ravi d'investir dans Heathrow, un aéroport de classe mondiale, qui constitue une porte d'entrée majeure sur le monde", selon un communiqué.

L'Autorité d'investissement du Qatar (QIA) détient déjà pour sa part 20% de l'aéroport londonien, selon des chiffres que l'AFP a pu confirmer mercredi. Il deviendra ainsi à l'issue de la transaction le premier actionnaire du groupe.

Interrogé par l'AFP, QIA n'a pas souhaité faire de commentaire mercredi.

Parmi les autres actionnaires figurent notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) (12,62%) et le fonds souverain chinois China Investment Corporation (CIC) (10%).

"Heathrow est un actif stratégique pour l'économie britannique et joue un rôle clé dans la connectivité mondiale", a commenté Ardian dans un communiqué.

Sa présidente et fondatrice Dominique Senequier avait également indiqué en juin à l'AFP que "la part des investissements de fonds qui viennent du Moyen-Orient est en croissance parmi nos investisseurs" et représentait plus de 15% des sommes gérées par Ardian.

Interrogé par l'AFP sur le changement d'actionnariat à la tête de Heathrow, le gouvernement britannique n'a pas répondu dans l'immédiat.

La semaine dernière, l'exécutif conservateur avait invoqué "l'intérêt public" en disant envisager d'intervenir dans le processus de vente du groupe de médias "The Telegraph", dont un fonds américano-émirati pourrait prendre le contrôle.

Heathrow a pour sa part indiqué ne pas souhaiter faire de commentaire.

Rebond post-Covid

L'aéroport avait annoncé le mois dernier qu'il accueillerait plus de passagers que prévu cette année, et prévoyait que sa fréquentation en 2024 retrouverait le niveau de l'année 2019, avant la pandémie de Covid-19.

En plus de la pandémie, Heathrow avait souffert l'an dernier de grèves et d'une pénurie d'employés, qui avaient entraîné des scènes de chaos et des retards monumentaux dans l'aéroport en pleine haute saison.

Depuis, l'aéroport a remplacé son directeur général, en nommant à la place de John Holland-Kaye, qui a passé presque une décennie aux manettes du plus gros aéroport britannique, le directeur de l'aéroport de Copenhague, Thomas Woldbye.

La vente de la part du groupe espagnol, qui reste soumise au feu vert des autorités boursières, met fin à 17 ans d'aventure commune pour FGP Topco et Ferrovial, entré au capital de la société gérant l'aéroport de Heathrow à l'occasion d'une offre publique d'achat en 2006.

"Au cours des 17 dernières années, en tant qu'investisseur, nous avons contribué à la transformation de Heathrow, aux côtés des autres actionnaires", souligne dans le communiqué Luke Bugeja, responsable de la branche aéroports de Ferrovial.

"Nous avons notamment supervisé un investissement de 12 milliards de livres sterling, augmenté la capacité (de l'aéroport) avec la construction du terminal 2 et amélioré les performances opérationnelles", ajoute-t-il.

Ferrovial, présent dans la construction, l'immobilier et la gestion d'infrastructures, détenait à l'origine 56% de Heathrow, mais avait déjà diminué sa participation à plusieurs reprises ces dernières années.

Pour l'espagnol, il s'agit d'une "excellente affaire", relève une note du groupe bancaire Mirabaud, car il vend pour "un prix élevé" un actif "qui n'était pas essentiel", ce qui lui permettra de se "concentrer sur les Etats-Unis".

Ferrovial détient encore une participation de 50% dans les aéroports d'Aberdeen, Glasgow et Southampton au Royaume-Uni, ainsi qu'une participation de 60% dans l'aéroport de Dalaman en Turquie et de 49% dans le nouveau terminal 1 de l'aéroport JFK à New York.

afp/jh