* Le parti pourfend l'islam radical

* Marine Le Pen se défend de tout amalgame

* Elle réclame des "actes forts" à Hollande

* Il n'ira pas à la "marche républicaine"

* La crise profite au FN, selon un analyste (Actualisé avec marche républicaine)

PARIS, 8 janvier (Reuters) - Le Front national, tout en se défendant de pratiquer l'amalgame, estime que l'attentat meurtrier contre Charlie Hebdo valide ses mises en garde de longue date contre "les dangers de l'islam radical en France" et aura des conséquences politiques.

Marine Le Pen, qui sera reçue vendredi par François Hollande dans le cadre de consultations politiques censées illustrer "l'union nationale", a annoncé qu'elle ne participerait pas dimanche à "la marche républicaine" organisée à l'initiative des partis de gauche, faute d'invitation officielle.

La présidente du FN accuse le gouvernement d'ostracisme et de sectarisme envers son parti et ses "millions d'électeurs qui exigent à juste titre d'être respectés dans leur pays". Le FN a été tenu à l'écart de la préparation du cortège.

"L'union nationale, ce n'est pas un chantage où on peut venir à condition de la fermer", explique-t-elle jeudi dans Le Monde, notamment.

Face au choc et à "la douleur", Marine Le Pen n'a pas attendu pour réclamer des comptes aux autorités.

Elle a déclaré jeudi matin sur France 2 qu'elle ferait devant François Hollande "le constat lucide du niveau d'infiltration de l'islam radical sur notre territoire et les moyens qui doivent être mis en oeuvre pour protéger nos compatriotes".

Pour elle, "la France est attaquée" par les tenants du "fondamentalisme islamiste" et doit répliquer par des "actes forts et efficaces" dans "cette guerre qui lui est déclarée".

"Regarder les choses en face, ce sera prendre le chemin d'une action efficace et protectrice. Pourquoi en est-on arrivé là?", s'interroge Marine Le Pen dans une vidéo diffusée mercredi sur le site du FN, alors que des responsables du parti dénoncent le laxisme présumé des gouvernements des 30 dernières années.

Le rétablissement de la peine de mort pour "les crimes les plus odieux", la maîtrise de l'immigration et des frontières, la déchéance de la nationalité française pour "les binationaux condamnés pour des faits délictuels ou criminels", le renforcement des moyens de la police et du renseignement : autant de mesures, défendues par le FN, qui se trouvent aujourd'hui légitimées, selon sa présidente.

Accusé à gauche de récupération, le FN récuse toute stratégie politicienne et électoraliste alors qu'il escompte des gains substantiels aux scrutins locaux en 2015.

LE FN "A EU RAISON TROP TÔT"

Pour François Miquet-Marty, de l'institut Viavoice, cette crise "crée un surcroît d'adhésion au Front national via la dénonciation par amalgame de l'islam en France et dans le monde, et le registre de la sécurité, thème traditionnel du FN".

"Marine Le Pen est assez habile, elle ne veut pas apparaître comme une personnalité politique tirant les marrons du feu. Les choses se feront naturellement à son profit, elle n'a pas besoin d'en rajouter", ajoute-t-il.

L'ancien président UMP Nicolas Sarkozy, qui s'est entretenu avec François Hollande jeudi, a appelé à "refuser l'amalgame".

"Cet évident refus de l'amalgame ne doit pas être non plus l'excuse de l'inertie ou du déni", affirme Marine Le Pen.

Stéphane Ravier, maire FN du 7e secteur de Marseille et sénateur des Bouches-du-Rhône, a fustigé "l'attentisme et l'angélisme de la classe politique" qui ont conduit selon lui à la fusillade du 7 janvier.

"La classe politique a diabolisé le FN parce qu'il a eu raison trop tôt. Les Français en paient hélas le prix", déclare-t-il sur son compte Twitter.

Plusieurs responsables du Parti socialiste se sont publiquement opposés à la venue du FN à la manifestation de dimanche, tel Julien Dray, proche de François Hollande, qui a estimé sur Twitter que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen était "marqué par son histoire".

L'exclusion de facto du FN est critiquée à l'UMP où l'on souligne la contradiction entre les appels au rassemblement de la Nation et la mise à l'écart de millions de citoyens.

"Je combats avec vigueur les idées du FN mais ce parti existe, il n'est pas illégal", a dit Alain Juppé sur RTL. (Sophie Louet avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)