Kais Saied consolide ses pouvoirs https://www.reuters.com/article/us-tunisia-politics-timeline-idUSKCN24G2SU depuis l'été dernier, lorsqu'il a suspendu le parlement, limogé le premier ministre et déclaré qu'il pouvait gouverner par décret. Il s'est montré de plus en plus critique à l'égard du pouvoir judiciaire.

"Je garantis à tout le monde en Tunisie et à l'étranger que je n'interviendrai pas dans le système judiciaire. Je n'interviendrai dans aucune affaire ni dans aucune nomination. Je ne veux pas contrôler tous les pouvoirs", a déclaré M. Saied dans un discours.

Il a accusé les juges d'être loyaux envers les factions politiques et a cité des affaires qui traînent dans les tribunaux depuis des années sans qu'aucun verdict n'ait été rendu.

Les critiques ont qualifié la prise de pouvoir presque totale de Saied de coup d'État, les associations de juges l'accusant d'un acte illégal qui sape l'indépendance de la justice https://www.reuters.com/world/africa/tunisian-judiciary-head-says-presidents-move-illegal-judges-wont-be-silent-2022-02-06.

"Le président est passé au stade de la saisie des institutions. Ce qui se passe est très dangereux et illégal", a déclaré Youssef Bouzakher, président du Conseil.

Les États-Unis sont "profondément préoccupés" par l'évolution de la situation et ont appelé le gouvernement de M. Saied à respecter l'indépendance du pouvoir judiciaire, a déclaré Ned Price, porte-parole du département d'État américain.

M. Price a déclaré aux journalistes que Washington avait appelé à une "accélération du processus de réforme politique" en Tunisie et avait exhorté le gouvernement à donner la priorité aux réformes économiques afin de stabiliser la situation financière du pays.

La Tunisie est confrontée à une crise des finances publiques au cours des prochains mois, ce qui constitue un défi majeur https://www.reuters.com/world/africa/economic-pain-threatens-social-political-chaos-tunisia-2022-02-02 pour tout effort de réforme significatif.

Depuis l'année dernière, M. Saied s'est abstenu de procéder à des arrestations massives ou de tenter d'étouffer le débat, et il a promis de faire respecter les droits et les libertés acquis lors de la révolution de 2011, qui a instauré la démocratie.

Toutefois, les forces de sécurité ont poursuivi des hommes politiques et des chefs d'entreprise pour divers chefs d'accusation et ont fait passer un grand nombre d'affaires par les tribunaux militaires plutôt que par les tribunaux civils.

M. Saied a déclaré qu'il réécrirait la constitution et la soumettrait à un référendum cet été, mais ses détracteurs estiment que tout changement devrait être décidé par le biais d'un dialogue. M. Saied, dont l'épouse est juge, était professeur de droit constitutionnel avant de se présenter à l'élection présidentielle de 2019.