PARIS (Reuters) - L'Italie ne sortira probablement pas indemne de la séquence de révision de ses perspectives de notation qui débutera ce vendredi, selon les analystes, mais l'opinion dominante est que les agences de notation abaisseront les perspectives de Rome tout en évitant une baisse de la note italienne.

Toute surprise négative est susceptible de déclencher un rebond de l'écart de taux, en hausse depuis des mois, une tendance exacerbée depuis que Rome a relevé ses objectifs de déficit budgétaire pour 2023-2025 en septembre.

S&P Global entame le cycle de révision vendredi, suivie par DBRS, Fitch et Moody's, à une semaine d'intervalle chacun.

"Une révision à la baisse des perspectives de S&P Global, Fitch ou DBRS est probable", estime Alessandro Tentori, directeur des investissements pour l'Italie chez Axa Investment Managers.

Les trois agences ont actuellement des perspectives stables pour l'Italie.

Plusieurs analystes ont déclaré qu'une baisse de la note pourrait entraîner une augmentation de l'écart de taux entre l'Italie et l'Allemagne, qui passerait de 200 points de base à 250 points de base pour les titres à 10 ans, tandis qu'une détérioration des perspectives entraînerait probablement une augmentation plus modérée de cet écart, à environ 220 points de base.

Moody's est le principal facteur de risque, l'agence attribuant à Rome une note un cran supérieure à celle de la catégorie "spéculative" et ayant déjà des perspectives négatives sur le pays. L'agence révèlera sa décision le 17 novembre.

Althea Spinozzi, stratégiste senior pour l'obligataire chez Saxo Bank, a déclaré qu'une révision à la baisse de la note de Moody's ferait bondir les rendements et "forcerait de facto la Banque centrale européenne à intervenir".

Toutefois, le stratégiste souligne que les conséquences d'une telle baisse suffiraient probablement à convaincre l'agence de maintenir la note inchangée, un point de vue partagé par d'autres analystes.

"Un déclassement aurait des ramifications assez importantes pour la dette périphérique en général", remarque Jim Leaviss, gérant chez M&G Investments.

Des rendements plus élevés renchériraient le service de l'énorme dette publique italienne, qui représente environ 140% du PIB.

L'année prochaine, Rome devra emprunter 548 milliards d'euros d'obligations, soit 46 milliards de plus qu'en 2023, selon les calculs d'Intesa Sanpaolo.

Pour autant, Giovanni Radicella, responsable de l'obligataire chez Arca Fondi, juge une crise italienne improbable.

"L'une des raisons d'acheter un pays est la prime de risque. Et lorsqu'elle atteindra un seuil intéressant, elle attirera à nouveau des acheteurs et la vente sera contenue", résume-t-il.

(Reportage Sara Rossi, Antonella Cinelli, reportage additionnel Valentina Consiglio, Dhara Ranasinghe, version française Corentin Chappron, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Sara Rossi et Antonella Cinelli