GRANADA, Colombie, 2 juin (Reuters) - La pacification de la Colombie, après l'accord conclu avec les rebelles des Farc, pourrait prendre une dizaine d'années en raison de la présence de groupes de narcotrafiquants et d'insurgés dissidents, estime le chef d'état-major de l'armée colombienne.

Environ 7.000 combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie sont engagés dans un processus de démobilisation après un demi-siècle d'une insurrection qui a fait plus de 220.000 morts dans le pays.

La plupart des rebelles vivent désormais dans l'une des 26 zones de démobilisation administrées par les Nations unies mais certaines unités refusent toujours de déposer les armes et continuent de se livrer au trafic de cocaïne, à l'extraction minière illégale ou à l'extorsion.

Cela concerne notamment les rebelles de l'Armée de libération nationale (ELN), a expliqué le général Juan Pablo Rodriguez, chef d'état-major de l'armée, dans un entretien accordé à Reuters jeudi.

"Lorsque les Farc seront parties, d'autres éléments violents vont tenter de combler ce vide et c'est le défi que les forces armées et la police nationale doivent relever - occuper ces espaces et rétablir la sécurité", a-t-il expliqué lors d'une visite dans la province du Meta, jadis repaire des Farc.

"Nous intensifions les opérations de contrôle du territoire afin de prévenir l'arrivée d'éléments violents", a-t-il ajouté.

Confrontées au défi posé par les membres résiduels de la rébellion armée, les autorités colombiennes doivent en outre faire face à des organisations criminelles comme le Clan del Golfo, Los Pelusos ou Los Puntilleros qui tentent de s'implanter dans les anciennes zones tenues par les Farc.

Environ 65.000 policiers et militaires sont mobilisés pour s'assurer du contrôle de ces régions disputées.

Le Clan del Golfo ou les Puntilleros comptent parmi leurs chefs d'anciens miliciens d'extrême droite. Les Pelusos, eux, regroupent d'anciens combattants de formations rebelles démobilisés au début des années 90. Ces bandes disposent d'environ 3.800 hommes, selon le général Rodriguez.

"La stabilisation est très compliquée, très difficile. Les Colombiens doivent comprendre que cela va prendre du temps", a ajouté le chef d'état-major. "Je dirais que dans dix ans au minimum nous serons en mesure de montrer ce que nous avons accompli et de voir des résultats plus concrets". (Luis Jaime Acosta, Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)