Londres (awp/afp) - La croissance économique du Royaume-Uni a accéléré au deuxième trimestre mais cette éclaircie liée à la météo et au football peine à masquer un ralentissement général de l'activité à quelques mois du Brexit.

Le Produit intérieur brut a progressé de 0,4% d'un trimestre sur l'autre, conformément aux attentes des analystes, a annoncé vendredi l'Office des statistiques nationales (ONS).

Ce rebond intervient après une faible progression de 0,2% au premier trimestre, attribuée alors au temps exécrable avec une vague de froid et la neige.

Avec 0,4% entre avril et juin, la croissance britannique est plus vive que celle de la zone euro qui s'est contentée d'une hausse de 0,3%. Le Royaume-Uni avait toutefois été le seul pays du G7 dont la croissance a ralenti entre 2016 et 2017.

L'activité économique a rebondi au deuxième trimestre grâce au puissant secteur des services (+0,5%) et à la construction (+0,9%) qui avait particulièrement souffert des mauvaises conditions météorologiques le trimestre précédent. En revanche, la production industrielle a accusé un repli de 0,8%.

Sur le seul mois de juin, la production industrielle s'est toutefois élevée de 0,4% tandis que le déficit commercial s'est creusé à 8,6 milliards de livres lors des trois mois d'avril à juin, selon des chiffres publiés séparément.

L'ONS explique que dans plusieurs secteurs industriels les effets négatifs de la météo en début d'année se sont estompés.

Les dépenses des ménages ont quant à elle progressé de 0,3% et l'investissement des entreprises de 0,5%.

L'Office justifie le rebond de l'économie par le fait que les consommateurs ont davantage ouvert leur portefeuille que ce soit en raison de températures plus élevées que des célébrations de la Coupe du monde de football, qui avait démarré en juin, avec à la clé un parcours inespéré pour l'équipe d'Angleterre.

Bière et barbecues

La météo, le football et le mariage royal entre l'actrice Meghan Markle et le prince Harry, ajoute Laith Khalaf, économiste chez Hargreaves Lansdown, "ont poussé les consommateurs à dépenser leur argent dans la bière et les barbecues".

L'anticipation d'une meilleure forme de l'activité avait par ailleurs permis à la Banque d'Angleterre (BoE) de relever ses taux la semaine dernière, pour la deuxième fois seulement depuis la crise financière de 2018.

Mais l'institution avait tenu un discours plutôt prudent pour les prochains mois, compte tenu de difficiles négociations sur le Brexit qui doivent s'achever d'ici octobre.

Cette bouffée d'air frais de la croissance ne pourrait d'ailleurs être que temporaire, prévient l'ONS qui mise sur la poursuite du ralentissement de l'activité en place depuis mi-2014 et devenu plus vif à quelques mois de la sortie de l'UE, prévue fin mars 2019.

L'ensemble des analystes table sur une croissance plus modeste en 2018, après 1,8% en 2016 et 1,7% en 2017. Elle devrait atteindre cette année un faible 1,3% d'après une moyenne d'économistes indépendants sondés par le Trésor.

Les milieux économiques craignent de plus en plus que le pire scénario pour eux, celui de l'absence d'accord sur le Brexit, se matérialise, comme ne l'a pas exclu le gouvernement conservateur de la Première ministre Theresa May.

Signe du regain d'incertitudes, la livre britannique ne cesse de s'effriter depuis plusieurs jour face au dollar, touchant même vendredi un plus bas depuis juin 2017 face au billet vert.

Cet affaiblissement de la livre pourrait, surtout s'il se poursuit, nourrir à nouveau l'inflation, en renchérissant le coût des biens importés, ce qui serait une mauvaise nouvelle pour une consommation des ménages fragile et in fine pour la croissance.

"Le pétrole et les autres matières premières sont libellés en dollar, ce qui signifie des factures d'énergie et des prix du carburants plus élevés pour les consommateurs, dans un contexte de faible croissance de salaires", rappelle M. Khalaf.

afp/rp