La consommation mondiale de pétrole et d'autres liquides a atteint un niveau record l'année dernière et devrait encore augmenter en 2024 et 2025, mais cela ne signifie pas nécessairement que les prix doivent augmenter pour répondre à la demande.

Selon l'Administration américaine d'information sur l'énergie (EIA), la consommation mondiale s'est élevée en moyenne à 101,1 millions de barils par jour (b/j) en 2023, dépassant de peu le record de 101,0 millions de b/j enregistré en 2019 avant la pandémie.

La consommation devrait atteindre une moyenne de 102,5 millions de b/j en 2024 et 103,7 millions de b/j en 2025, a indiqué l'agence en donnant ses premières prévisions pour l'année prochaine (Short-term energy outlook, EIA, 9 janvier 2024).

Chartbook : Consommation et prix du pétrole dans le monde

Certains hauts fonctionnaires de l'OPEP+ ont répété l'argument traditionnel selon lequel les prix doivent être suffisamment élevés pour encourager l'investissement et garantir la sécurité de l'approvisionnement.

Mais la consommation a tendance à augmenter depuis plus d'un siècle, atteignant un nouveau sommet la plupart des années, y compris pendant 29 des 41 années entre 1980 et 2021.

Les producteurs de pétrole devraient être en mesure de satisfaire la croissance à l'échelle prévue sans exercer une trop forte pression à la hausse sur les prix :

* La croissance prévue de 1,4 million de b/j (+1,4 %) en 2024 et de 1,2 million de b/j (+1,2 %) en 2025 serait globalement conforme à la moyenne de 1,4 % par an depuis 1990.

* Les prix de référence du Brent ont été en moyenne de 82 dollars le baril en 2023, donc loin de la moyenne depuis 2000 (89 dollars) ou depuis 1990 (73 dollars) si l'on tient compte de l'inflation.

* L'OPEP disposait d'une capacité de production de réserve de plus de 4,3 millions de b/j à la fin de 2023, contre 2,5 millions de b/j à la fin de 2022, ce qui lui permet de faire face à la plupart des interruptions de l'offre.

* Les stocks commerciaux de l'OCDE s'élevaient à 2 856 millions de barils à la fin du mois de novembre, ce qui correspond à la moyenne saisonnière sur dix ans et permet au marché de disposer d'une marge de manœuvre confortable.

Reflétant cet équilibre, le spread calendaire à six mois de Brents s'est négocié dans un backwarding moyen de 42 cents par baril en décembre, soit le 43e percentile pour tous les mois depuis 2000, et non loin de la moyenne de 1 dollar par baril.

Pour l'instant, les négociants en pétrole prévoient que l'équilibre entre la production et la consommation restera probablement confortable, avec une capacité de réserve et des stocks suffisants pour absorber tous les chocs, à l'exception des plus extrêmes, en 2024.

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John Kemp est analyste de marché chez Reuters. Les opinions exprimées sont les siennes. Suivez ses commentaires sur X https://twitter.com/JKempEnergy (Montage par Kirsten Donovan)