La guerre en Ukraine tape sur le moral des consommateurs 

La confiance des consommateurs en France et en Allemagne chute après la mise en place de mesures gouvernementales pour lutter contre l’inflation, et notamment la hausse des prix des carburants, qui n’ont pas convaincu le grand public, selon des enquêtes publiées ce mardi. L'effritement du moral des consommateurs dans les deux plus grandes économies de la zone euro a anéanti les espoirs d'un rebondissement après l'assouplissement des restrictions COVID-19.

Le cas de l'Allemagne

"En février, l'espoir était encore grand de voir le moral des consommateurs se redresser avec l'assouplissement des restrictions liées à la pandémie. Cependant, la guerre en Ukraine a fait s'envoler ces espoirs", a déclaré Rolf Buerkl, expert en consommation de GfK, dans un communiqué. En Allemagne, l'institut GfK a déclaré que son indice du sentiment des consommateurs, basé sur une enquête auprès d'environ 2 000 personnes, a dégringolé à -15,5 points pour le mois d'avril, contre un indice révisé de -8,5 points un mois plus tôt et le plus bas depuis février 2021. Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à ce que l'indice tombe à -14,0.

En Allemagne, la coalition au pouvoir a adopté la semaine dernière un deuxième train de mesures en l'espace de quelques mois pour soulager la population de la flambée des prix de l'électricité, du chauffage et du carburant. Dans le cadre de ce paquet de 17 Mds€, les travailleurs et les familles allemands recevront des fonds publics supplémentaires, une réduction de la taxe sur l'essence et des tickets de transport public à prix réduit.

Le cas de la France

En France, l'INSEE a annoncé que son indice de confiance des consommateurs était tombé à 91 points, contre 97 en février, ce qui est inférieur aux attentes des économistes interrogés par Reuters, qui tablaient sur 94. Ce résultat, le plus bas depuis février 2021, va à l'encontre d'une tendance à l'amélioration généralement observée avant les élections présidentielles précédentes, lorsque l'optimisme est grand quant à la possibilité qu'un nouvel ordre politique se traduise par une amélioration du niveau de vie.

Alors que les électeurs français doivent se rendre aux urnes le mois prochain, le gouvernement a mis en place un ensemble de mesures d'une valeur de 25 Mds€ pour atténuer la douleur des prix élevés de l'énergie et de l'inflation. Mais cela n'a guère contribué à apaiser les craintes d'inflation, la proportion de ménages s'attendant à une hausse de l'inflation ayant bondi de 50 points pour atteindre son niveau le plus élevé depuis le début de l'enquête de l'INSEE en 1972.

Dans le cadre des mesures prises par le gouvernement, la France a plafonné les augmentations des prix du gaz et de l'électricité, versé des paiements anti-inflation ponctuels aux ménages à faible revenu et offert un rabais sur les prix du carburant. 

Prévisions d'inflation (en %/an) dans plusieurs pays de la zone euro et au Royaume-Uni

Ailleurs dans la zone euro

Sur la base d'une estimation flash mercredi dernier, le sentiment de la zone euro s'est effondré en mars à 18,7 points, le plus bas niveau depuis le début de la crise COVID-19 en avril et mai 2020. L'Italie, troisième économie de la zone euro, a également connu une baisse plus importante que prévu de la confiance des consommateurs, a indiqué l'office national des statistiques la semaine dernière. En Belgique, la guerre en Ukraine a provoqué la plus forte baisse de la confiance des consommateurs depuis le début des enregistrements en 1985.

Les attentes des consommateurs concernant l'état général de l'économie n'ont jamais été aussi basses et leur opinion sur leur propre situation financière et leur capacité d'épargne a fortement chuté.