par John Revill et Thomas Escritt

LUCERNE, Suisse, 15 juin (Reuters) -

Les dirigeants d'une centaine d'Etats et d'organisations ont commencé à arriver samedi en Suisse pour une conférence sur la paix en Ukraine qui vise à accentuer la pression diplomatique sur la Russie, mais l'absence de puissants alliés de Moscou, comme la Chine, limite sa portée.

Après avoir dit qu'elle réfléchirait à sa participation, la Chine a finalement décliné l'invitation adressée en janvier par le président ukrainien Volodimir Zelensky à son homologue Xi Jinping, invoquant l'absence de Russie à la conférence.

Les espoirs de parvenir à isoler Moscou ont été douchés par l'annonce de Pékin.

"Le sommet risque de montrer les limites de la diplomatie ukrainienne", a déclaré Richard Gowan, directeur Onu du cercle de réflexion International Crisis Group. "Il s'agit toutefois pour l'Ukraine d'une chance de rappeler au monde qu'elle défend les valeurs de la Charte des Nations unies."

Avant son départ pour Lucerne, le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé qu'il s'agissait d'une étape importante sur le chemin de la paix. "Nous allons discuter de nombreux sujets de paix et de sécurité, mais pas des plus gros (qui devront être négociés avec la Russie, NDLR). C'est ce qui a toujours été prévu", a-t-il déclaré à Welt TV.

Le président russe Vladimir Poutine a posé vendredi ses conditions à un cessez-le-feu avec l'Ukraine, notamment l'annexion formelle de quatre régions de l'Est et du Sud, y compris des territoires que son armée ne contrôle pas, des revendications aussitôt rejetées comme "absurdes" par les autorités de Kyiv.

"Tout le monde sait que la proposition (russe) n'est pas sérieuse, mais qu'elle est liée à la tenue de la conférence en Suisse", a commenté Olaf Scholz, interrogé par la ZDF.

La Suisse espère que le sommet ouvrira la voie à un futur processus de paix auquel participerait la Russie.

Les questions de la sécurité alimentaire, de la liberté de navigation et de la sécurité nucléaire devraient notamment être abordées lors de la conférence.

Des représentants européens ont toutefois concédé en privé que, sans le soutien des principaux alliés de Moscou, l'impact de la conférence serait limité.

"Que peut-il (Volodimir Zelensky) en attendre?", a déclaré Daniel Woker, un ancien ambassadeur de la Suisse. "Un nouveau petit pas en avant dans la solidarité internationale avec l'Ukraine, victime de l'agression russe." (Reportage de Dave Graham, John Revill, Thomas Escritt, Emma Farge, Alan Charlish; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün)