* Israël appelle les civils de l'enclave à se réfugier au sud

* Aucun signe d'exode après l'appel à évacuer d'Israël

* "L'étau se resserre" autour de Gaza, dit le chef de l'aide humanitaire de l'ONU

* Une offensive terrestre d'Israël sur Gaza attendue

* Plusieurs pays appellent Israël à la retenue

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JERUSALEM/NEW YORK/TEL AVIV, 13 octobre (Reuters) -

De nombreux pays ont exhorté vendredi Israël à suspendre ses projets d'assaut contre le nord de la bande de Gaza, où plus d'un million de civils ont largement défié son ordre d'évacuation.

Plus tôt dans la journée, l'armée israélienne avait

appelé tous les civils

vivant dans le nord de l'enclave palestinienne à se déplacer vers le sud dans les 24 heures, tout en déployant des chars d'assaut près de la bande de Gaza en prévision d'une éventuelle invasion terrestre en représailles à l'attaque meurtrière, samedi, du groupe islamiste Hamas.

Si certains ont répondu à l'appel, vendredi après-midi, il n'y avait guère de signes d'un exode massif. Des dizaines de personnes se sont rassemblées à l'hôpital al-Shifa, jurant de ne pas bouger afin de le protéger.

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a demandé aux habitants de ne pas bouger et a promis de se battre jusqu'à la dernière goutte de sang.

"La mort est préférable au départ", déclare Mohammad, 20 ans, alors qu'il se tient dans la rue près des ruines d'un bâtiment touché par une frappe aérienne israélienne deux jours plus tôt, non loin du centre de Gaza.

"Je suis né ici et je mourrai ici."

Après plusieurs jours de frappes aériennes massives et un blocus israélien total, la bande de Gaza se retrouve sans électricité et avec peu de réserves de nourriture et d'eau.

"L'étau se resserre autour de la population civile de Gaza. Comment 1,1 million de personnes sont-elles censées se déplacer dans une zone de guerre densément peuplée en moins de 24 heures ?", s'est interrogé Martin Griffiths, responsable de l'aide humanitaire de l'Onu, sur les réseaux sociaux.

Le porte-parole de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, a qualifié l'évacuation de "défi de taille", mais a affirmé que Washington ne remettrait pas en cause la décision de son allié israélien.

"Nous comprenons ce qu'ils essaient de faire et pourquoi ils essaient de le faire : essayer d'isoler la population civile du Hamas, qui est leur véritable cible", a-t-il déclaré sur MSNBC.

"S'ÉLOIGNER DES TERRORISTES"

La moitié nord de la bande de Gaza comprend la plus grande agglomération de l'enclave, la ville de Gaza.

"Les civils de la ville de Gaza doivent évacuer vers le sud pour leur propre sécurité et celle de leurs familles, et s'éloigner des terroristes du Hamas qui les utilisent comme boucliers humains", a déclaré l'armée israélienne.

Le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza constituerait une répétition de 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou ont été chassés de ce qui est aujourd'hui Israël, a prévenu Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

La plupart des habitants de Gaza sont les descendants de ces réfugiés.

Mahmoud Abbas, qui a rencontré en Jordanie le secrétaire d'État américain Antony Blinken, a en outre demandé que de l'aide soit immédiatement autorisée à entrer dans la bande de Gaza alors que la Croix-Rouge a averti que les hôpitaux pourraient bientôt manquer de carburant pour faire fonctionner les générateurs d'urgence.

Israël a déclaré qu'il ne lèverait pas son blocus tant que les otages capturés par le Hamas ne seraient pas libérés.

"NOUS VAINCRONS"

En réaction à l'attaque sans précédent du Hamas sur son territoire, qui a fait plus de 1.300 victimes dont de nombreux civils, Israël a répondu par les frappes aériennes les plus intenses depuis le début du conflit il y a 75 ans avec les Palestiniens.

Les autorités de Gaza déclarent que 1.799 personnes ont été tuées depuis samedi dans les bombardements israéliens.

L'armée israélienne n'a pas précisé le type d'opération qu'elle prévoit pour la suite mais elle s'est engagée à opérer "de manière significative" dans la bande de Gaza dans les jours à venir.

En déplacement dans la région, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est joint à d'autres représentants à travers le monde pour appeler l'Etat hébreu à la retenue, tout en lui réaffirmant le soutien des Etats-Unis. "Nous serons toujours là à vos côtés", a-t-il dit.

Une invasion terrestre de la bande de Gaza, étroite et peuplée de 2,3 millions de personnes, présente un risque sérieux pour Israël, le Hamas menaçant de tuer les otages récupérés lors de son assaut.

"Nous nous battons pour notre maison. Nous nous battons pour notre avenir", a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. "Le chemin sera long, mais au bout du compte, je vous promets que nous vaincrons".

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ENCADRE-La bande de Gaza dévastée par des années de conflit et de blocus (Reportage Henriette Chacar, Dedi Hayun, Maayan Lubell, Emily Rose, James Mackenzie à Jerusalem, Michelle Nichols à New York, Emma Farge à Genève, Jeff Mason à Washington, Humeyra Pamuk à Tel Aviv, Steve Gorman et Dan Whitcomb à Los Angeles; rédigé par Michael Martina, Michael Perry, Michael Georgy et Philippa Fletcher; rédigé par Jean Terzian et Mariana Abreu, édité par Blandine Hénault)