Les autorités japonaises font face à une pression renouvelée pour lutter contre une dépréciation soutenue du yen, les investisseurs pariant sur des taux d'intérêt américains plus élevés et plus longs, alors que la Banque du Japon reste fidèle à sa politique de taux d'intérêt zéro.

La faiblesse du yen stimule les exportations, mais nuit aux ménages et aux détaillants en gonflant les coûts d'importation déjà en hausse pour le carburant et les denrées alimentaires. Voici les mesures que le gouvernement et la banque centrale pourraient prendre pour remédier à la baisse rapide du yen :

INTENSIFIER LES INTERVENTIONS VERBALES - TRÈS PROBABLE

Les autorités ont récemment averti qu'elles surveillaient les mouvements de change avec un "fort sentiment d'urgence" et qu'elles "n'excluraient aucune option" pour faire face aux mouvements volatils du yen.

Si le rythme des baisses du yen s'accélère, les autorités pourraient intensifier leurs avertissements et promettre une "action décisive" contre les mouvements spéculatifs.

De telles remarques, diffusées avant la précédente intervention japonaise d'achat de yens en 2022, indiqueraient que Tokyo se rapproche d'une intervention directe sur le marché des devises.

Le ministre des finances, Shunichi Suzuki, a utilisé ce langage lorsque la chute du yen s'est accélérée le 27 mars, mais il s'est abstenu de le faire depuis.

LA BOJ DONNE UN SIGNAL HAWKISH - PROBABLE

Le yen a suivi une tendance baissière depuis la décision historique de la BOJ de mettre fin à huit années de taux d'intérêt négatifs, les opérateurs s'étant concentrés sur les conseils de la banque comme un signe que les coûts d'emprunt au Japon resteront bas pendant une période prolongée.

De nombreux responsables politiques de la BOJ préfèrent ne pas relever les taux tant qu'il n'y a pas plus de preuves que les salaires continueront d'augmenter et que les ménages disposeront d'un pouvoir d'achat leur permettant de faire face à la hausse des prix.

Cependant, la BOJ pourrait commencer à émettre des signaux hawkish, notamment par le biais de remarques publiques du gouverneur Kazuo Ueda, suggérant que les hausses de taux pourraient avoir lieu plus tôt que les marchés ne le prévoient.

M. Ueda a déjà fait allusion à la possibilité d'une hausse des taux à court terme dans une récente interview accordée à un journal. Il a également déclaré au parlement que la BOJ devait envisager de réduire le degré de stimulation monétaire si l'inflation et les salaires continuaient à augmenter.

INTERVENTION D'ACHAT DE YENS - MOINS PROBABLE

Le Japon a fait de rares incursions sur le marché des changes pour soutenir le yen en septembre et octobre 2022, alors que celui-ci plongeait et atteignait son plus bas niveau depuis 32 ans, à 151,94 pour un dollar.

Alors que le yen a déjà dépassé le niveau de 152, considéré par les marchés comme la ligne de démarcation de Tokyo, les autorités se concentreront sur la vitesse des mouvements du yen - plutôt que sur les niveaux actuels - pour décider du moment où elles interviendront.

Cela signifie que le risque d'intervention augmentera si les baisses du yen sont rapides et considérées comme dues à des opérations spéculatives.

Mais une intervention pour acheter du yen serait coûteuse. Tokyo aurait besoin de l'accord de ses homologues du G7, en particulier des États-Unis, pour s'assurer que l'ampleur de l'intervention est suffisante pour inverser la tendance.

HAUSSE DES TAUX D'INTÉRÊT PAR LA BOJ - TRÈS PEU PROBABLE

La BOJ devrait relever ses prévisions d'inflation dans ses prévisions trimestrielles révisées, qui devraient être publiées après sa réunion de politique générale de deux jours qui s'achèvera le 26 avril. Mais la probabilité d'une hausse imminente des taux est faible, étant donné l'incertitude quant à la diffusion des gains salariaux aux petites entreprises.

Les décideurs de la BOJ veulent également éviter d'être perçus comme utilisant la politique monétaire comme un outil pour freiner la baisse du yen, ce qui pourrait être interprété comme une manipulation de la monnaie et aller au-delà de ses attributions.

Le gouverneur Ueda a déclaré que la BOJ "ne modifiera absolument pas sa politique monétaire" directement pour répondre aux mouvements des devises.

Toutefois, les mouvements volatils du yen et les pressions politiques exercées pour y remédier ont souvent influencé la politique de la BOJ. L'année dernière, la BOJ a modifié sa politique de contrôle des rendements obligataires en partie pour éviter que sa mainmise sur les taux à long terme ne provoque des chutes brutales du yen.