(Actualisé avec déclarations de Yildirim)

ANKARA, 1er août (Reuters) - Les Etats-Unis devraient condamner de manière "claire et sans équivoque" la tentative manquée de coup d'Etat en Turquie et extrader son commanditaire présumé, le prédicateur Fethullah Gülen, a déclaré le Premier ministre turc Binali Yildirim lundi à l'issue d'un entretien avec le chef d'état-major de l'armée américaine.

Le général Joe Dunford a entamé une visite en Turquie pour raffermir les relations entre Washington et Ankara, ébranlées par le coup de force des 15 et 16 juillet, à l'issue de laquelle le président Recep Tayyip Erdogan a ouvertement mis en cause les Etats-Unis.

Le chef d'état-major de l'armée américaine a condamné la tentative de putsch pendant son entretien avec Binali Yildirim et assuré Ankara du soutien de Washington à la démocratie turque, ont indiqué les services du Premier ministre dans un communiqué.

L'ambassade américaine à Ankara avait indiqué avant l'entretien que Joe Dunford avait l'intention de dénoncer "dans les termes les plus fermes" le coup d'Etat avorté chez son allié de l'Otan.

Les Etats-Unis ont exprimé de sérieuses réserves sur les purges menées depuis deux semaines en Turquie, notamment au sein de l'armée.

James Clapper, directeur du renseignement américain, a ainsi indiqué que de nombreux officiers turcs avec lesquels Washington entretenait des contacts avaient été mis à l'écart ou arrêtés.

"Cela a un impact, parce que (la purge) a affecté tous les segments de l'appareil de sécurité nationale en Turquie", a-t-il dit la semaine dernière. "Beaucoup de nos interlocuteurs ont été arrêtés. Il ne fait pas de doute que cela va rendre la coopération plus difficile avec les Turcs."

S'exprimant au QG des forces spéciales à Ankara, qui a été fortement endommagé par les combats le soir du coup d'Etat, Recep Tayyip Erdogan a condamné ses propos le lendemain.

"Au lieu de remercier notre pays pour avoir repoussé une tentative de putsch, vous prenez le parti des comploteurs. Le putschiste est déjà dans votre pays", a dit le chef de l'Etat en faisant allusion au prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil en Pennsylvanie et qu'Ankara accuse d'avoir orchestré le coup de force.

La Turquie, membre de l'Otan, dont elle occupe le flanc sud-est, est en première ligne face aux conflits en cours en Irak et en Syrie.

Le général Joe Dunford a d'ailleurs prévu de s'adresser au cours de sa visite aux militaires américains stationnés sur la base aérienne d'Incirlik, utilisée par les avions de l'Otan pour mener des opérations contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI), dans le sud de la Turquie. (Tulay Karadeniz; Pierre Sérisier et Tangi Salaün pour le service français)