Les troubles entre migrants et résidents ont duré une semaine dans la ville portuaire de Sfax, et un Tunisien a été tué, selon la police. Les habitants se sont plaints du comportement désordonné des migrants, tandis que ces derniers se sont plaints de harcèlement raciste.

Des milliers de migrants africains sans papiers ont afflué à Sfax ces derniers mois ? ?dans le but d'embarquer pour l'Europe sur des bateaux gérés par des trafiquants d'êtres humains, ce qui a provoqué une crise migratoire sans précédent dans ce pays d'Afrique du Nord.

Ramadan Ben Omar, du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a déclaré à Reuters que la police avait renvoyé des centaines de migrants, dont des femmes et des enfants, cette semaine, et les avait laissés dans une zone militaire fermée le long de la frontière désertique avec la Libye.

Moez Barakallah, un législateur de Sfax, a déclaré que les autorités avaient fourni aux migrants expulsés de Sfax des repas et des médicaments et avaient envoyé environ 1 200 d'entre eux dans des zones proches des frontières libyenne et algérienne. Il a ajouté que les agents de la sécurité des frontières avaient pris en charge les migrants et qu'ils décideraient des mesures à prendre.

M. Ben Omar a indiqué que des militants des droits de l'homme à Sfax avaient signalé des passages à tabac de migrants, des expulsions de logements qu'ils avaient loués et des détentions arbitraires par des résidents locaux au cours des derniers jours, avant que la police n'intervienne et ne rétablisse l'ordre.

Des vidéos non vérifiées publiées sur les médias sociaux montrent de jeunes Tunisiens à Sfax détenant des migrants, brandissant des bâtons et leur demandant de répéter "Vive la Tunisie".

Le ministère de l'Intérieur n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de Reuters.

Cette année, la Tunisie a connu une forte augmentation des flux migratoires à travers la Méditerranée à la suite de la répression exercée par Tunis à l'encontre des migrants originaires d'Afrique subsaharienne vivant illégalement dans le pays et d'informations faisant état d'agressions racistes dans un contexte de récession économique.

Le mois dernier, des centaines d'habitants de Sfax ont protesté contre la présence de milliers de migrants et ont demandé aux autorités de les expulser, affirmant que Sfax ne devait pas devenir une ville de réfugiés.

La Tunisie subit des pressions de la part de l'Europe pour empêcher un grand nombre de migrants de partir de ses côtes. Mais le président Kais Saied a déclaré que la Tunisie ne serait pas un garde-frontière et qu'elle n'accepterait pas l'installation d'immigrants dans le pays.