PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a annoncé jeudi un relèvement du volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF à ses concurrents, afin de limiter la hausse des tarifs réglementés de l'électricité (TRV) à 4% au 1er février.

Dans un communiqué, EDF a précisé que l'impact de ces mesures sur son résultat opérationnel (Ebitda) 2022 était estimé à environ 8,4 milliards d'euros sur la base des prix de marché au 31 décembre 2021, à 7,7 milliards au 12 janvier 2022.

En attendant de connaître l'impact final de ces mesures en fonction des prix du marché, le groupe a retiré ses perspectives 2022 sur son Ebitda et son endettement financier net et promis de communiquer à nouveau à ce sujet au plus tard le 18 février lors de la publication de ses résultats annuels.

Le gouvernement a décidé d'augmenter de 100 à 120 térawatts-heure (TWh) les volumes qu'EDF doit céder à ses concurrents dans le cadre du dispositif Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), qui assure un prix d'achat préférentiel aux producteurs alternatifs.

Cette décision évitera à ces derniers de devoir payer des prix très élevés sur les marchés de gros dans un contexte de faible disponibilité du parc nucléaire français et de tensions sur l'approvisionnement gazier de l'Europe, ce qui aurait eu pour effet d'augmenter les tarifs appliqués aux clients particuliers.

Bercy et le ministère de la Transition écologique ont fait valoir dans un communiqué que le relèvement des volumes d'Arenh permettrait à l'ensemble des consommateurs - particuliers, collectivités et professionnels - de bénéficier "de la compétitivité du parc électronucléaire français".

Le gouvernement a également relevé le prix de l'Arenh de 42 à 46,2 euros/MWh, en accord avec Bruxelles, afin de limiter l'impact pour EDF.

"Nous serons aux côtés d'EDF pour les aider à passer cette difficulté", a déclaré sur LCI Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.

"On peut comparer à ce qui s'est passé avec le choc pétrolier. C'est une mesure temporaire. On ne peut pas prévoir ce qu'il va se passer dans les années qui viennent mais les mesures que nous prenons permettent d'éviter qu'il y ait un report massif l'année prochaine de hausse d'électricité", a-t-elle ajouté.

LE "POISON" DE L'ARENH

Le relèvement des volumes d'Arenh constitue un coup dur pour EDF alors que le groupe - détenu à 84% par l'Etat français - demande depuis plusieurs années une suppression du dispositif, qu'il compare à un "poison" en faisant valoir qu'il le contraint à s'endetter et limite sa capacité d'investissement tout en subventionnant ses concurrents.

Le plafonnement des tarifs de l'électricité annoncé à l'automne devait à l'origine se traduire pour l'essentiel par une baisse de la taxe sur l'électricité (TICFE), une mesure que la flambée des prix sur les marchés de gros - qui s'est accentuée depuis - a rendu insuffisante même avec une réduction à son niveau minimum, dont le coût pour les finances publiques atteint pourtant déjà quelque huit milliards d'euros.

Le gouvernement a souligné que, sans son intervention, la hausse des tarifs de l'électricité aurait atteint 35%.

Il "continuera à suivre avec la plus grande attention l'évolution de la situation des marchés de l'énergie au cours des prochaines semaines et veillera à ce que les mesures prises aujourd'hui soient pleinement répercutées par les fournisseurs à leurs clients", selon le communiqué diffusé jeudi.

Bruno Le Maire a également indiqué que le plafonnement des tarifs de l'électricité ne donnerait pas lieu à un "rattrapage conduisant à une nouvelle hausse en 2023".

(Reportage Benjamin Mallet et Jean-Stéphane Brosse)