* Les bombardements français et les combats ont fait plus de 100 morts

* L'armée malienne a repris une ville stratégique

* La Cédéao va déployer des troupes au Mali

* Le plan Vigipirate renforcé en France

par Bate Felix et Elizabeth Pineau

BAMAKO/PARIS, 12 janvier (Reuters) - Les bombardements aériens français et les combats autour de la ville de Konna ont fait plus de 100 morts dans les rangs des rebelles et ceux des forces gouvernementales, ont dit l'armée malienne et des témoins au deuxième jour de l'opération "Serval" qui durera, a assuré François Hollande, "le temps nécessaire".

A l'issue d'un conseil de défense, le président français a dit samedi sa "confiance" dans la réussite de l'opération engagée avec l'aide de la France contre les islamistes au Mali, qui a déjà permis selon lui de porter un "coup d'arrêt" à la progression de la rébellion. (voir )

"Grâce au courage de nos soldats, un coup d'arrêt a été porté et de lourdes pertes ont été infligées à nos adversaires", a-t-il déclaré. "Mais notre mission n'est pas achevée (...) Dans les jours qui viennent, notre pays poursuivra son intervention.".

François Hollande a précisé que les moyens déployés par la France devaient être limités au soutien de l'intervention africaine au Mali.

L'intervention "consiste à préparer le déploiement d'une force d'intervention africaine pour permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale" conformément aux résolutions du conseil de sécurité de l'Onu.

L'action de la France sera "strictement limitée à cet objectif", a dit le président, qui a aussi annoncé un renforcement du dispositif de protection des quelque 6.000 ressortissants français de Bamako.

La Cédéao réclamait depuis des mois une telle intervention internationale et les événements se sont accélérés avec la reprise de la progression des rebelles vers le sud du Mali, en direction de Bamako, la capitale.

"DE NOMBREUX MORTS DES DEUX CÔTÉS"

Un officier du QG des forces maliennes à Bamako a déclaré que "plus de 100" rebelles avaient été tués, tandis qu'un commerçant de Konna a comptabilisé 148 cadavres, et parmi eux des dizaines de soldats gouvernementaux.

"Nous les avons chassés, nous sommes effectivement à Konna", a dit à Reuters le porte-parole du ministère malien de la Défense, le lieutenant-colonel Diaran Koné, en concédant "de nombreux morts des deux côtés."

Quelques heures après l'officialisation vendredi par la France de son soutien militaire au Mali pour empêcher une percée vers le Sud des "éléments terroristes", les autorités maliennes ont annoncé avoir repris la localité stratégique de Konna, ville du centre du pays tombée jeudi aux mains des islamistes.

La France s'est contentée de dire que les rebelles avaient été repoussés de "plusieurs dizaines de kilomètres".

L'essentiel des forces de la Cédéao, dont les premiers éléments sont attendus lundi, devrait venir du Nigeria, du Niger, du Sénégal et du Togo. Elles seront placées sous le commandement du général nigérian Shehu Abdulkadir.

Le Burkina Faso, qui a tenté une médiation avec certains groupes islamistes, a annoncé samedi qu'il procéderait rapidement au déploiement de 500 militaires au Mali.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait état de la mort d'un pilote de l'armée de l'air française dont l'hélicoptère a été abattu.

ARRIVÉE IMMINENTE DE LA CÉDÉAO

Le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, a précisé samedi à la presse que des avions militaires supplémentaires avaient été envoyés en Afrique et que les chasseurs Rafale étaient susceptibles de frapper à partir des bases aériennes en France.

Il a souligné qu'à ce stade, la France n'avait pas l'intention d'envoyer des troupes au sol dans le nord du Mali. "Plus vite la mission africaine sera sur le terrain, moins nous aurons besoin d'aider l'armée malienne", a-t-il déclaré.

François Hollande a téléphoné au président malien par intérim, Dioncounda Traoré, "pour faire un point précis de l'opération" ainsi qu'à plusieurs de ses homologues africains. (voir )

La France s'est efforcée vendredi de distinguer son intervention militaire au Mali, baptême du feu pour François Hollande, de la défense dans le passé de régimes africains contestés.

Mais si l'opération "Serval" fait pour le moment la quasi unanimité dans la classe politique française, l'opinion pourrait se retourner contre le pouvoir si les otages français dans la région la payaient de leur vie et si elle provoquait des attentats en France. (voir )

Neuf ressortissants français sont actuellement retenus en otages, dont huit au Sahel et un en Somalie. Ce dernier, un agent de la DGSE présenté sous le nom de Denis Allex, a été enlevé en juillet 2009 à Mogadiscio par les milices islamistes d'Al Chabaab. La DGSE, les services secrets français, a mené dans la nuit de vendredi à samedi une opération pour tenter de libérer son agent.

"Cette opération n'a pas pu aboutir malgré le sacrifice de deux de nos soldats et sans doute l'assassinat de l'otage", a dit à ce sujet François Hollande.

Les rebelles islamistes, en Somalie comme au Mali, ont prévenu la France samedi que ses dernières initiatives en Afrique auraient des "conséquences" pour ses otages et ses ressortissants.

"Il y a des conséquences, non seulement pour les otages français, mais aussi pour tous les ressortissants français où qu'ils se trouvent dans le monde musulman", a déclaré Sanda Ould Boumama, porte-parole d'Ansar Dine, à Reuters. "Nous allons continuer à résister et à nous défendre. Nous sommes prêts à mourir au combat." (voir )

Dans ce contexte, François Hollande a annoncé un renforcement en France du plan Vigipirate de protection des lieux publics et des infrastructures de transport. Le niveau passe désormais "rouge renforcé", un cran en deçà du niveau maximal "écarlate". (voir ) (Avec Joe Bavier à Abidjan, Elizabeth Pineau et Yves Clarisse à Paris; Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Pascal Liétout)