(Actualisé avec Evans)

BOSTON, 13 janvier (Reuters) - Les vents contraires venus de Chine et des marchés de matières premières pourraient une nouvelle fois remettre en cause les projets de la Réserve fédérale, moins d'un mois après le premier relèvement de ses taux d'intérêt en près de dix ans, ont estimé mercredi deux responsables de la banque centrale américaine.

Celle-ci a relevé ses taux le 16 décembre dernier en se fixant comme objectif quatre hausses supplémentaires, d'un quart de point chacune, au cours de l'année 2016.

Cette première hausse des taux américains depuis 2006 n'a eu que peu d'effets jusqu'à présent et la plupart des nouvelles tombées depuis ne sont guère rassurantes pour l'état de la conjoncture, a déclaré Eric Rosengren, le président de la Fed de Boston.

La chute des marchés actions chinois, la faiblesse des cours du pétrole et d'autres facteurs "alimentent la crainte d'un ralentissement marqué de la croissance mondiale", a-t-il dit.

En y ajoutant le faible niveau de l'inflation, la Fed pourrait devoir relever les taux plus progressivement qu'elle ne l'avait envisagé, a-t-il poursuivi.

Il a précisé qu'une deuxième hausse de taux restait conditionnée à l'existence de preuves tangibles montrant que la croissance américaine sera "à son potentiel ou au-dessus" et que l'inflation remonte vers l'objectif de 2% que s'est fixé la Fed.

"La politique monétaire ne doit pas surréagir aux fluctuations temporaires à court terme sur les marchés financiers mais les décideurs en la matière doivent prendre au sérieux les risques baissiers qui pèsent sur leurs prévisions et prendre ces risques en compte dans leurs réflexions sur le rythme approprié" des hausses de taux, a-t-il dit.

DOUTES SUR LES ANTICIPATIONS D'INFLATION

Charles Evans, le président de la Fed de Chicago, qui figure comme Rosengren parmi les "colombes" du comité de politique monétaire, a lui aussi exprimé sa préoccupation.

Evoquant le ralentissement de la croissance chinoise et son impact éventuel sur des économies telles que les Etats-Unis, il a jugé que "c'est un élément qui doit nous rendre nerveux".

Il a également expliqué que les anticipations d'inflation ne semblaient plus aussi fermement ancrées qu'il y a un an et ajouté que la Fed pourrait devoir attendre le milieu de l'année avant d'avoir une idée précise des perspectives d'inflation.

Avant Eric Rosengren et Charles Evans, le président de la Fed d'Atlanta, Dennis Lockhart, avait estimé lundi que la banque centrale n'aurait peut-être pas assez de nouvelles données sur l'inflation pour se prononcer en faveur d'une nouvelle hausse des taux lors de sa réunion monétaire du mois de mars.

La piste d'un nouvelle hausse au mois de mars était jusqu'à présent privilégiée par les analystes.

Dans son "Livre beige" sur l'état de la conjoncture aux Etats-Unis publié mercredi, la Fed constate que l'économie a continué d'afficher des signaux mitigés entre la fin novembre et le début du mois de janvier, l'amélioration de l'emploi et de la consommation étant en partie occultée par les effets défavorables de l'appréciation du dollar et de la baisse des prix de l'énergie. (Howard Schneider; Patrick Vignal pour le service français, édité par Véronique Tison)