par Chris Buckley et Glenn Somerville

Au premier jour de leur deuxième Dialogue stratégique et économique avec la Chine, les Etats-Unis, qui ont appelé à de nombreuses reprises ces derniers mois à une appréciation de la devise chinoise, se sont également montrés moins offensifs sur le sujet.

lls ont salué l'engagement pris par Pékin de réformer la formation du taux de change du yuan, appelé aussi renminbi.

Le seul point de discorde porte sur la Corée du Nord contre laquelle les Etats-Unis ont appelé la Chine à développer une ligne politique plus dure sur le sujet sensible du naufrage d'un navire de la marine sud-coréenne fin mars, le "Cheonan", alors que Pékin souhaite davantage de retenue sur le sujet.

La première puissance économique mondiale et la troisième cherchent à stabiliser leurs relations après une série de désaccords en début d'année.

Si Hu Jintao n'a rien annoncé de radicalement nouveau concernant le yuan, il s'est exprimé sur un ton plutôt conciliant.

"La Chine va continuer à faire avancer régulièrement la réforme du mécanisme de formation du taux de change du renminbi en faisant en sorte qu'elle soit indépendante, contrôlable et progressive", a dit le président chinois.

DÉFICIT COMMERCIAL AMÉRICAIN AVEC LA CHINE

Hu Jintao a également affirmé que le gouvernement chinois souhaitait développer la demande intérieure afin d'équilibrer davantage la croissance, évolution appelée de ses voeux par Washington, qui espère réduire son vaste déficit commercial avec Pékin.

En 2009, celui-ci s'est établi à 226,8 milliards de dollars, contre un record de 268 milliards de dollars en 2008. Washington espère développer ses exportations vers la Chine.

Lors de la réunion, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a appelé la Chine à coopérer en vue de la réduction des barrières commerciales et de l'équilibrage de l'économie mondiale.

Sur le yuan, à nouveau arrimé au dollar depuis l'été 2008, Timothy Geithner a estimé que le gouvernement chinois allait dans la bonne direction.

"Nous saluons le fait que les dirigeants chinois aient reconnu que la réforme du taux de change constituait un élément important de leur vaste programme de réforme", a-t-il dit.

Tentant de démontrer aux Chinois qu'une appréciation de leur devise serait également de leur intérêt, le secrétaire au Trésor a indiqué qu'un taux de change plus souple permettrait de supprimer l'inflation et d'inciter le secteur privé chinois à investir dans des activités plus productives et à plus forte valeur ajoutée.

LA CHINE ET LES USA SOUTIENDRONT L'EUROPE

Par ailleurs, Zhang Xiaoqiang, vice-président de la Commission nationale chargée du développement et de la réforme (NDRC), a toutefois précisé lors d'une conférence de presse que seule la situation de l'euro, et non celle du yuan, avait été abordée lors de l'ouverture des discussions sino-américaines.

"Avec les incertitudes relatives aux effets de la crise de la dette souveraine européenne, nous estimons que l'on doit être prudent sur le choix du moment (de la mise en place) des stratégies de sortie (de crise)", a-t-il déclaré.

Le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a annoncé que la Chine et les Etats-Unis allaient travailler ensemble pour soutenir les efforts de l'Europe pour surmonter la crise de sa dette.

De nombreux analystes craignent que la Chine ne reporte une hausse de ses taux d'intérêt en raison d'un regain d'inquiétude sur la reprise économique.

Le ministre chinois du Commerce Chen Deming a d'ailleurs dit que la Chine s'inquiétait de la crise de la dette souveraine européenne et surveillait l'évolution de la zone euro.

Le gouverneur de la banque centrale chinoise a néanmoins précisé que ce seront des facteurs intérieurs plus qu'extérieurs qui détermineront la politique monétaire du pays. Et d'ajouter : "l'opinion générale est que le rythme de la reprise économique mondiale sera fondamentalement maintenu".

Les déclarations de bonne volonté dans le domaine économique ont toutefois été assombries par les divergences qui s'esquissent sur le plan diplomatique avec la crise en cours dans la péninsule coréenne.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a appelé Pékin à se joindre aux pressions internationales contre la Corée du Nord, accusée d'avoir coulé le Cheonan, faisant 46 morts dans l'équipage.

Le président sud-coréen Lee Myung-bak a annoncé lundi que la question serait soumise au conseil de Sécurité des Nations unies, où le soutien de la Chine à des sanctions contre Pyongyang est loin d'être acquis.

"Nous devons travailler ensemble pour répondre à ce défi et faire progresser nos objectifs communs de paix et de stabilité dans la péninsule coréenne", a déclaré Hillary Clinton.

Avec Arshad Mohammed et Doug Palmer, Gregory Schwartz et Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Danielle Rouquié