Dans ce contexte, la Catalogne souhaite une plus grande autonomie pour son financement, a-t-il souligné dans un entretien téléphonique avec l'agence Reuters.

Il a dit espérer que le président de la Généralité de Catalogne, Artur Mas, puisse avancer sur la création d'une agence fiscale propre à la région lors de sa rencontre avec le Président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, jeudi.

"Nous faisons tout ce que nous pouvons pour tenir nos objectifs (budgétaires), mais nous sommes conscients des difficultés", a dit Albert Carreras.

"Une économie en dépression finit par induire des dépenses publiques plus élevées que prévu parce que la population demande davantage d'aide des administrations publiques", a-t-il ajouté.

Les objectifs 2012 pour les régions sont d'autant plus difficiles à atteindre, a-t-il souligné, qu'elles ne profitent pas de la récente augmentation de la TVA.

CINQ MILLIARDS D'EUROS

Une disposition prévoit que les 17 régions autonomes sont tenues de transférer dans les caisses de l'Etat central toutes les sommes provenant de la hausse de trois points de la TVA - de 18% à 21% - entrée en vigueur le 1er septembre. Normalement, les régions perçoivent 50% des recettes de la TVA.

Les dépassements budgétaires dans la plupart des 17 régions autonomes de l'Espagne, qui gèrent leurs systèmes de santé et d'éducation, expliquent en grande partie l'incapacité du gouvernement central de Madrid à tenir ses objectifs de réduction des déficits.

En 2011, le dérapage a atteint près de trois points de pourcentage. Pour 2012, l'objectif était initialement de 4,4% du produit intérieur brut. Après deux révisions, il est à présent de 6,3% du PIB mais les difficultés de la puissante Catalogne pourraient remettre en cause ce nouvel objectif.

La Catalogne, qui représente 20% de l'activité économique espagnole - son PIB est comparable à celui du Portugal -, a demandé à bénéficier de cinq milliards d'euros sur la ligne de crédit de 18 milliards ouverte par le gouvernement central pour aider les régions autonomes à surmonter leurs difficultés de trésorerie.

La région, qui a été l'une des premières à procéder à des restrictions budgétaires, affiche un déficit hors transferts accélérés du gouvernement central, de 1,03% de son PIB pour le premier semestre 2012. Ce qui fait qu'elle devrait très légèrement dépasser son objectif annuel de 1,5%.

Un dépassement beaucoup plus important de la part d'une entité représentant un cinquième de l'activité du pays serait de nature à remettre en cause les engagements du gouvernement central envers l'Union européenne.

MANQUE DE FONDS

Le gouvernement a menacé d'intervenir dans les régions qui n'honorent pas leurs promesses budgétaires, bien que le ministre du Budget, Cristobal Montoro, ait dit la semaine dernière que les 17 régions atteindraient leurs objectifs pour l'année.

Albert Carreras a réaffirmé la demande de la Catalogne de création d'une mécanisme permanent de financement. Il souligne le décalage entre le contrôle donné aux régions en matière de dépenses d'éducation et de santé et le fait qu'elles n'aient pas leur mot à dire sur leur ressources.

D'autant plus que la plupart d'entre elles n'ont plus accès à un financement direct sur les marchés financiers et ne peuvent compter que sur le Trésor pour répondre à leurs besoins de financement.

"Le gouvernement de Catalogne manque de fonds", estime-t-il. "C'est la raison pour laquelle nous voulons un nouveau pacte budgétaire pour une distribution plus équitable dans les besoins de financement auxquels la Catalogne fait face".

Artur Mas avait déclaré à l'occasion de la grande manifestation de mardi dernier dans les rues de Barcelone qu'en cas d'impasse dans ses discussions avec Madrid, il convoquerait des élections anticipées dans le but de voir sa formation Convergence et Union (CiU) obtenir la majorité absolue au parlement catalan.

"Si nous ne pouvons pas parvenir à un accord financier, la route vers la liberté de la Catalogne est ouverte", avait-il déclaré.

Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser

par Nigel Davies