La Banque du Canada (BdC) pourrait repousser les espoirs d'une réduction des taux d'intérêt en juin et agir plutôt en juillet, ce qui lui donnerait sept semaines supplémentaires de données clés pour confirmer la tendance récente d'un ralentissement de l'économie et d'une baisse continue de l'inflation, ont déclaré certains économistes.

Malgré le ralentissement de l'inflation en avril, publié mardi, les marchés monétaires ne prennent en compte que 53 % des chances d'une réduction de 25 points de base en juin, alors que les chances d'une réduction des taux d'intérêt en juillet sont entièrement prises en compte.

Certains économistes justifient l'hésitation des marchés à bloquer une baisse en juin en faisant valoir que la banque centrale disposera de deux séries supplémentaires de données sur l'inflation, le PIB et l'emploi pour prendre une décision plus éclairée en attendant le 24 juillet, plutôt que de passer à l'action le 5 juin.

"Du point de vue de la gestion des risques, il est logique que la Banque du Canada attende six ou sept semaines de plus pour être aussi certaine que possible que la tendance à l'inflation va se poursuivre", a déclaré Andrew Kelvin, responsable de la stratégie des taux canadiens et mondiaux chez TD Securities.

"Elle sera en mesure de réduire les taux avec encore plus de confiance en juillet.

Cela sera conforme à ce que le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré à plusieurs reprises, à savoir qu'il fallait davantage de preuves pour établir que les pressions inflationnistes avaient été suffisamment éliminées du système avant d'entamer un cycle de réduction des taux d'intérêt.

"Dans les mois à venir, nous surveillerons de près l'évolution de l'inflation de base", a déclaré Tiff Macklem lors de sa déposition devant la Chambre des communes au début du mois, en insistant sur le fait qu'il aimerait voir un relâchement durable de l'inflation de base.

Des données solides sur l'emploi au début du mois et une croissance économique relativement équilibrée pourraient également être les facteurs qui inciteraient la banque à attendre davantage de données, Macklem réitérant une fois de plus la nécessité d'obtenir des preuves supplémentaires le 5 juin, selon les économistes et les traders.

Même au risque de perturber les marchés financiers et immobiliers, une attente jusqu'en juillet pourrait également aider la Banque du Canada à ne pas trop diverger de la Réserve fédérale américaine, ce qui risquerait de faire chuter la monnaie locale, Macklem ayant lui-même admis plus tôt qu'il y avait une limite à la divergence des taux américains et canadiens, selon certains.

Les prix à la consommation d'avril ont augmenté à leur rythme le plus lent en trois ans, à 2,7 %, selon des données publiées mardi, et sont toujours restés inférieurs à 3 %, qui est la fourchette supérieure de l'objectif d'inflation de la Banque du Canada.

Les mesures de l'inflation de base étroitement surveillées - principalement l'IPC-trim et l'IPC-médian - étaient ensemble inférieures à 3 % pour la première fois depuis juin 2021, se rapprochant de l'objectif de 2 % de la banque centrale.

Outre les nouvelles données, la Banque du Canada publiera également son enquête trimestrielle auprès des chefs d'entreprise et des consommateurs sur la croissance économique et les attentes en matière d'inflation le 15 juillet, a écrit Derek Holt, vice-président et responsable de l'économie des marchés des capitaux à la Banque Scotia, dans une note.

"La Banque du Canada aura beaucoup plus de preuves d'ici la décision du 24 juillet et pas beaucoup plus d'éléments d'ici la réunion du 5 juin, à part le PIB", a-t-il déclaré.

Toutefois, il ne serait pas surprenant que la Banque procède à une réduction en juin, car la BdC est souvent considérée comme plus dovish que beaucoup d'autres banques centrales, selon les économistes.

Thierry Wizman, Global FX & Rates Strategist chez Macquarie, a déclaré qu'il pourrait y avoir une baisse des taux en juin si la BoC était "prête à examiner les récentes données robustes sur l'emploi", même s'il maintient qu'une baisse des taux en juillet est plus probable.