MOSCOU, 6 janvier (Reuters) - Le patriarche Cyrille, chef de l'Eglise orthodoxe russe et allié de longue date du président Vladimir Poutine, a appelé dimanche le Kremlin à la modération dans l'élaboration de la nouvelle législation réprimant les offenses aux sentiments religieux, dix mois après le déclenchement de l'affaire des Pussy Riot.

Le parti Russie unie de Poutine a présenté un projet visant à punir plus lourdement les atteintes à la religion, en réponse notamment à la manifestation du groupe féministe punk dans la cathédrale du Christ-Sauveur en février dernier à Moscou.

Dans une interview à l'agence de presse Interfax à la veille du Noël orthodoxe, le patriarche Cyrille se dit favorable à un durcissement de la loi dans de tels cas mais ajoute qu'il faut également respecter les droits fondamentaux et la liberté d'expression.

"Une amende de seulement quelques centaines de roubles (environ 10 dollars) pour des inscriptions blasphématoires sur une église, une mosquée ou une synagogue, cela montre que cette société ne réalise pas vraiment combien il est important de protéger les croyances religieuses de chacun", dit le patriarche, faisant référence à la législation actuelle.

"Toute mesure légale concernant la protection des symboles religieux et la foi des croyants doit être scrupuleusement étudiée afin de ne pas limiter la liberté d'expression", ajoute-t-il cependant.

"L'essentiel, c'est que la résistance au blasphème soit juste, mesurée et exempte de toute agressivité", poursuit-il.

Le texte proposé en septembre dernier par Russie unie prévoit des peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison pour des offenses contre les sentiments religieux, et jusqu'à cinq ans en cas de destruction de sites, d'objets ou de livres sacrés.

Deux jeunes femmes membres du groupe Pussy Riot sont actuellement en détention. Maria Aliokhina, 24 ans, et Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, ont été condamnées à deux ans de prison pour "hooliganisme motivé par la haine de la religion" pour avoir interprété en février 2012 une "prière" hostile à Vladimir Poutine dans la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur. (Alexei Anishchuk avec Steve Gutterman; Guy Kerivel pour le service français)