par Amy Sawitta Lefevre

BANGKOK, 29 mars (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers d'opposants thaïlandais se sont rassemblés samedi à Bangkok pour réclamer à nouveau la démission du Premier ministre Yingluck Shinawatra, à la veille d'élections sénatoriales.

Partis du parc Lumpini, dans le quartier des affaires, où ils se sont repliés récemment, les manifestants ont pris la direction du centre historique de la capitale.

"Il y a suffisamment de manifestants pour perturber la circulation, mais ils sont moins nombreux que lors des précédents rassemblements", a observé Paradorn Pattanathabutr, conseiller à la sécurité du chef du gouvernement.

"Nous pensons qu'il va y avoir jusqu'à 50.000 personnes. Les manifestants commencent seulement à arriver de l'extérieur de la capitale et nous avons 8.000 policiers en alerte si des violences éclatent, mais, globalement, on pense que rien ne va arriver", a-t-il ajouté.

La contestation en cours n'est que le dernier épisode d'une crise politique qui agite la Thaïlande depuis huit ans. Elle oppose d'un côté les représentants des classes moyennes et des élites et, de l'autre, les partisans de Thaksin Shinawatra, renversé par l'armée en 2006, qui vit en exil après avoir été condamné pour corruption, et de sa soeur Yingluck, aux affaires depuis août 2011.

PROCÉDURE DE DESTITUTION

Vingt-trois personnes ont été tuées et plusieurs centaines d'autres ont été blessées depuis novembre. La mobilisation a marqué le pas récemment et le défilé de ce samedi sera un bon indicateur de l'essoufflement de l'opposition.

En milieu de matinée, la police évaluait le cortège à 30.000 personnes. Un demi-millier de membres du Réseau des étudiants et du peuple pour la réforme de la Thaïlande, groupe dissident du mouvement principal, ont pénétré au siège du gouvernement, mais le site n'abrite pratiquement plus de fonctionnaires.

Au cours des cinq derniers mois, de nombreux bâtiments administratifs ont été occupés. Les contestataires du Comité de réforme démocratique du peuple (PDRC) ont en outre perturbé les élections législatives anticipées du 2 février, que Yingluck a convoquées pour tenter de désamorcer la crise, ce qui a entraîné leur invalidation par la Cour Constitutionnelle, le 21 mars.

Ils réclament une réforme du code électoral qu'ils disent taillé sur mesure pour le "camp" Thaksin qui a remporté tous les scrutins depuis 2001.

Les coûteuses subventions qu'elle a allouées aux riziculteurs ont valu à Yingluck Shinawatra une enquête de la Commission nationale anticorruption, qui pourrait recommander sa destitution. La décision devra être soumise au Sénat, où l'opposition pourrait devenir majoritaire après le scrutin de dimanche, qui porte sur la moitié des sièges. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)