D'autres facteurs ont aussi contribué à l'augmentation des flux nets d'épargne liquide :

•  Tout d'abord, les flux nets de crédits bancaires sont légèrement négatifs au mois de mars (à comparer à une moyenne mensuelle d'un peu plus de 6 milliards d'euros au cours des trois années précédentes). D'une part, on enregistre des remboursements nets des prêts à la consommation, conséquence logique de la quasi-suspension, à compter de mi-mars, des ventes de biens de consommation durables (électroménager, automobiles) qui vont de pair avec la production de crédits nouveaux. D'autre part, les flux nets de crédits à l'habitat se sont fortement contractés même s'ils sont encore légèrement positifs (1 milliard d'euros en mars, à comparer à 5,6 milliards d'euros en février et une moyenne mensuelle du même ordre de grandeur au cours des trois dernières années), du fait d'opérations signées dans les semaines précédant le confinement.

•  Ensuite, dans un contexte de forte volatilité sur les marchés financiers, les ménages ont vraisemblablement été vendeurs nets sur leurs placements financiers non bancaires (notamment en OPC non monétaires).

Au total, hors placements non bancaires, les flux nets d'épargne financière des ménages (dépôts - crédits) ont été de près de 20 milliards d'euros en mars, à comparer à une moyenne mensuelle voisine de zéro au cours des trois dernières années. Compte tenu des flux nets négatifs prévisibles sur les placements non bancaires (mais d'ampleur encore incertaine), on peut donc estimer que l'épidémie du covid-19 aurait entraîné en mars une hausse de l'ordre d'une quinzaine de milliards d'euros de l'épargne financière 1, à la fois en raison de l'impact des mesures de confinement sur la consommation et de possibles comportements de thésaurisation.

2 - Les dépôts et l'endettement des sociétés non financières

En mars, les dépôts des entreprises françaises (les « Sociétés non financières ») auprès du système bancaire ont augmenté de 40,6 milliards d'euros en mars contre 9,9 milliards d'euros en février. L'essentiel de cette hausse vient des dépôts à vue (39,8 milliards d'euros en mars après 6,3 en février et une moyenne mensuelle de 3,5 milliards d'euros sur les trois dernières années). Elle a été amplifiée par des transferts en provenance des OPC monétaires (- 13,0 milliards d'euros).

Parallèlement, les crédits aux SNF progressent eux aussi fortement : 34,2 milliards d'euros en mars (après 1,7 milliard d'euros en février et une moyenne mensuelle de 4,5 milliards d'euros sur les trois dernières années) dont 27,1 milliards d'euros pour les crédits dits « de trésorerie » (après - 0,8 en février). Plusieurs facteurs ont contribué à cette hausse des flux nets de crédits bancaires en mars :

•  les remboursements de prêts ont été très faibles - à des niveaux rarement observés -, ce qui suggère que les
entreprises et leurs banques se sont accordées sur des différés ;
•  dans un contexte de fortes perturbations sur les marchés de capitaux, les émissions nettes de titres de créances
sont brutalement devenues négatives (- 2,4 milliards d'euros, après 12,4 milliards d'euros en février), poussant
les entreprises à se reporter vers les banques, comme en témoigne d'ailleurs la mobilisation de lignes de crédit
non tirées jusqu'à présent.

1  Dans les comptes nationaux, l'épargne financière correspond au solde entre l'épargne totale (qui s'obtient comme la différence entre le revenu disponible brut et la consommation) et la formation brute de capital fixe (FBCF). Pour les ménages, la FBCF correspond principalement aux dépenses d'acquisitions de logements neufs et de grosses réparations de logements. Au niveau macroéconomique, les acquisitions de logements anciens ne contribuent pas à la FBCF des ménages, car il s'agit d'actifs déjà existants qui s'échangent entre ménages.

Sous réserve de l'évolution de la FBCF, la hausse de l'épargne totale en mars est probablement du même ordre de grandeur que celle de l'épargne financière.

La Sté Banque de France a publié ce contenu, le 29 avril 2020, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
Les contenus ont été diffusés par Public non remaniés et non révisés, le29 avril 2020 12:08:17 UTC.

Document originalhttps://www.banque-france.fr/communique-de-presse/limpact-de-la-crise-du-covid-19-sur-la-situation-financiere-des-menages-et-des-entreprises-une

Public permalinkhttp://www.publicnow.com/view/04E367D594F09656D0424AF23883A7DA678282A9