Washington (awp/afp) - Le marché de l'emploi aux Etats-Unis se montre toujours solide et le taux de chômage pour mars, annoncé vendredi, devrait tomber à 4% mais les signes de pression à la hausse sur les salaires se font toujours attendre.

Si les demandes hebdomadaires d'allocations chômage publiées jeudi pour la semaine achevée le 31 mars ont montré une hausse sensible à 242'000, supérieure aux attentes des analystes, la moyenne sur quatre semaines reste toujours très basse à 228'250.

"La hausse des demandes la semaine dernière n'est pas une vraie préoccupation en raison de la volatilité de ce genre de données et la moyenne sur quatre semaines reste incroyablement basse", souligne l'économiste indépendant Joel Naroff.

Les analystes de High Frequency Economics estiment que la hausse des demandes la semaine dernière est sans doute liée à l'approche des fêtes de Pâques et soulignent qu'il "ne faut pas extrapoler sur un chiffre un peu plus haut" que d'habitude.

Les attentes des analystes pour les chiffres de l'emploi pour mars sont de 175'000 créations d'emplois et d'un taux de chômage se réduisant de 4,1% en février à 4%.

Si cela devait se confirmer, les créations d'emplois seraient en net ralentissement par rapport à février (313'000) qui avait vu un pic inattendu.

Certains chiffres récents indiquent toutefois que ce rythme élevé a pu ralentir le mois dernier, la baisse du taux de chômage attendue étant essentiellement imputable à la sortie du marché de la génération des baby-boomers.

Le cabinet Challenger, Gray and Christmas a ainsi indiqué jeudi que les licenciements avaient bondi en mars à 60'357 postes, surtout dans le commerce de détail, soit une hausse de 71% par rapport à février et le chiffre le plus élevé depuis avril 2016.

"Le niveau des suppressions d'emplois pourrait indiquer que le marché ralentit un petit peu", estime Joel Naroff.

SALAIRE HORAIRE

D'autres indicateurs incitent cependant à l'optimisme. L'enquête mensuelle du cabinet ADP publiée mercredi a fait ressortir de fortes créations d'emplois dans le secteur privé en mars avec 241'000 nouveaux postes.

Selon Mark Zandi, l'économiste en chef de Moody's Analytics qui compile les données pour l'enquête d'ADP, ces chiffres montrent qu'"un marché de l'emploi déjà serré continue de se resserrer".

Le chiffre qui va retenir toutes les attentions vendredi va être celui de la progression du salaire horaire qui permet d'évaluer les pressions inflationnistes liées au faible taux de chômage et, par conséquent, des anticipations de hausses des taux de la banque centrale.

En février, ce salaire horaire n'avait pratiquement pas bougé, ne progressant que de 0,15%, soit une progression annuelle de 2,6%, à peine au-dessus de l'inflation. Cela avait refroidi les attentes nées des chiffres de janvier qui avaient affiché un bond de 2,8% en rythme annuel.

Les chiffres de vendredi seront analysés à l'aune des interrogations actuelles des marchés financiers sur le rythme du resserrement monétaire qui va être observé par la Fed cette année. S'agira-t-il de trois hausses comme il est généralement attendu, ou de quatre si l'inflation accélère ?

La Fed s'appuie, pour ses anticipations d'inflation, sur l'indice PCE (Personal consumption expenditures). Le dernier en date, publié à la fin mars pour le mois de février, a montré une progression des prix de 1,8% en glissement annuel, la plus forte depuis mars 2017.

L'inflation se rapproche donc de l'objectif de 2% l'an que la banque centrale considère comme bon pour l'économie dans son ensemble.

Mais lors de sa conférence de presse après la dernière réunion de la Fed le 21 mars, qui s'était achevée sur une hausse d'un quart de point de pourcentage à 1,75% de son taux directeur, son président Jerome Powell avait souligné qu'il ne percevait pas pour autant encore de signe d'accélération de l'inflation.

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