Le produit intérieur brut de la Grande-Bretagne a retrouvé sa taille d'avant la pandémie en février, mais la composition de la croissance par secteur suggère la fragilité de sa santé sous-jacente.

Selon les projections du Fonds monétaire international publiées la semaine dernière, la Grande-Bretagne se situe au dernier rang des grandes économies mondiales en termes de croissance économique prévue pour 2023, avec une contraction de 0,3 %, ce qui équivaut à une baisse de 0,7 % par habitant.

Le vaste secteur des services britannique - qui représente environ 80 % de la production économique - n'a pas encore retrouvé sa taille d'avant la pandémie.

Si les grèves des fonctionnaires ont pesé sur la production dans des secteurs tels que la santé, les transports et l'éducation en février, les données révèlent des problèmes plus généraux au sein du secteur.

La production du secteur bancaire reste inférieure de 6 % à son niveau d'avant la pandémie. La situation est encore pire pour les détaillants, car l'inflation de plus de 10 % nuit à la demande des consommateurs.

GRAPHIQUE - Le secteur bancaire britannique peine à se remettre de la crise du COVID-19 

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L'industrie manufacturière, qui représente 10 % de l'économie britannique, a bondi lorsque le monde est sorti des blocages de la COVID-19, mais elle s'est refroidie depuis, ce qui a limité sa contribution à la croissance économique récente.

La construction, qui ne représente que 6 % de l'économie, a donc été le seul grand moteur de la croissance au cours des six derniers mois, ce qui est rare.

La production du secteur de la construction est désormais supérieure de plus de 7 % à son niveau moyen de 2019, ce qui en fait de loin le secteur majeur le plus performant de ces dernières années.

La construction est un élément clé de l'économie et représente un emploi sur vingt. Mais c'est aussi un secteur à faible productivité qui absorbe les importations et la main-d'œuvre, parfois au détriment d'industries à plus forte productivité et à forte intensité d'exportation.

La dépendance récente de la Grande-Bretagne à l'égard du secteur de la construction pour son dynamisme économique ne cadre pas avec l'objectif du ministre des finances, Jeremy Hunt, de créer une économie internationale performante et hautement productive, la "prochaine Silicon Valley".

Selon Marc Ostwald, économiste en chef chez ADM Investor Services, une société de courtage, les données récentes montrent que la construction d'infrastructures britanniques est en plein essor, une évolution à laquelle font écho d'autres pays européens qui multiplient les projets d'énergie verte.

GRAPHIQUE - La construction est à la tête de l'économie britannique, les services ne se redressent pas encore

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"Mais si vous regardez le Royaume-Uni, vous vous dites qu'il s'agit d'une économie de services à 80 % et qu'il n'y a pas vraiment d'impulsion post-COVID", a ajouté M. Ostwald.

"La raison sous-jacente en est la faiblesse de l'économie.