BEYROUTH, 11 mars (Reuters) - L'armée syrienne renforcée par les combattants du Hezbollah libanais a pris le contrôle mardi des terres agricoles au nord de Yabroud, dernière grande place forte rebelle près de la frontière libanaise au nord de Damas, apprend-on de source militaire.

Selon ces personnes, qui sont en contact avec les combattants sur le terrain, l'armée syrienne a tué des dizaines de rebelles lors de la prise de cette zone, appelée les Fermes de Rima.

"L'armée fait désormais face à Yabroud", a dit un militaire à Reuters.

La prise de Yabroud permettrait au président Bachar al Assad de sécuriser la voie reliant son fief alaouite sur la côte méditerranéenne à la capitale Damas tout en coupant la voie d'approvisionnement des rebelles à partir du Liban.

Le mois dernier, après un bombardement préalable à l'offensive sur le terrain, des milliers de personnes ont fui Yabroud, ainsi que les zones adjacentes.

Petite ville de 40.000 à 50.000 personnes située à une soixantaine de kilomètres au nord de Damas, Yabroud est proche de l'autoroute Damas-Alep et de la côte méditerranéenne

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition basée à Londres, l'aviation syrienne a largué des barils d'explosifs sur les Fermes de Rima et sur certains quartiers de Yabroud. Aucun bilan n'a été avancé.

KAMIKAZES

De l'autre côté de la frontière, au Liban, des roquettes tirées sur le village de Nabi Chit à partir de zones syriennes tenues par les rebelles ont fait un blessé, apprend-on auprès des services de sécurité. Des armes appartenant au Hezbollah seraient entreposées à Nabi Chit.

Ces derniers mois, le gouvernement syrien a progressé le long de l'autoroute ainsi qu'autour de Damas et d'Alep, reprenant l'initiative dans le conflit syrien qui entrera dans sa quatrième année la semaine prochaine.

Selon l'OSDH, trois membres de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont actionné leur ceinture d'explosifs dans un hôtel de la ville kurde de Kamichli abritant un conseil local dirigé par le Parti de l'union démocratique (PYD), principale formation politique kurde de Syrie.

Dans cette attaque, sept civils, dont quatre femmes, ont trouvé la mort et une vingtaine de personnes ont été blessées. Ce bilan a été confirmé à Reuters par une porte-parole du PYD.

Selon l'OSDH, un des kamikazes était une femme.

Longtemps opprimés par Damas, les Kurdes syriens ont été en quelque sorte livrés à eux-mêmes avec le déclenchement du conflit syrien, le gouvernement de Bachar al Assad étant occupé à combattre les rebelles dans d'autres régions. De ce fait, certains ont accusé les Kurdes d'avoir noué une alliance de fait avec Bachar al Assad.

Les Kurdes, qui sont environ deux millions, ont gagné du terrain vers le nord-est depuis le début du soulèvement. Ils ont mis en place un gouvernement local autour des villes de Hassaka et de Kamichli le 21 janvier dernier. (Voir ) (Mariam Karouny et Stephen Kalin à Beyrouth, et Isabel Coles à Erbil; Danielle Rouquié pour le service français)