* L'Eurogroupe appuie le MES comme soutien du FRU

* Le MES aurait un rôle de prévention des crises

* Un document allemand appuie l'extension des prérogatives du MES (Actualisé tout le long après la conférence de presse finale)

par Francesco Guarascio et Robert-Jan Bartunek

LUXEMBOURG, 9 octobre (Reuters) - Les ministres des Finances de la zone euro ont discuté lundi du rôle que le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui restera contrôlé par les Etats membre de la zone euro, pourrait être amené jouer dans la prévention des crises et évoqué la possibilité qu'il puisse constituer également un mécanisme de soutien au Fonds de résolution unique (FRU) des banques.

Les ministres, qui forment l'Eurogroupe, sont les gouverneurs du MES, créé au paroxysme de la crise des dettes souveraines de la zone euro et entré en vigueur en 2012. Doté d'une capacité de prêts de 500 milliards d'euros, il est le prêteur de dernier recours des pays de la zone euro confrontés à des difficultés financières.

"Tout le monde convient que le MES a un rôle très important à jouer non seulement dans la gestion des crises mais aussi dans la prévention des futures crises", a déclaré en conférence de presse Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe.

Un MES aux prérogatives étendues à la gestion des crises risque toutefois de heurter de front la Commission européenne, seule habilitée pour l'heure à faire respecter le Pacte de Stabilité et de Croissance en encadrant les capacités d'emprunt des Etats et en exerçant un pouvoir disciplinaire en cas d'infraction aux règles, et à émettre des recommandations.

Mais ce développement des responsabilités du MES va dans le sens de l'Allemagne, qui a produit un document dans lequel elle estime que cet organisme doit pouvoir surveiller les politiques budgétaires nationales et vérifier si elles respectent les règles de l'Union européenne (UE), jugeant qu'il devrait se charger aussi de la restructuration automatique de la dette des pays faisant l'objet d'une asistance financière.

L'Eurogroupe n'a pris aucune décision lundi mais Dijsselbloem a dit que ce dernier était favorable à ce que le MES vienne étayer le FRU, créé pour la liquidation des banques faillies de la zone euro et financé par des contributions bancaires annuelles. Il est doté actuellement de 17 milliards d'euros et doit atteindre une capacité totale de financement de l'ordre de 55 milliards d'euros en 2023.

S'il jugeait d'ici là qu'il lui faut plus de moyens que les allocations qui lui servent les banques, il aurait besoin d'un mécanisme de soutien et il est probable que l'Eurogroupe assigne ce rôle au MES.

Ce dernier pourrait éventuellement assurer la même fonction auprès d'un futur mécanisme européen de garantie des dépôts (EDIS, selon son acronyme anglais), entité qui protégera les dépôts bancaires jusqu'à 100.000 euros dans tous les pays de la zone euro, si les réticences de l'Allemagne parviennent à être surmontées.

Le document allemand montre que ce n'est pas encore pour cette fois, ses auteurs jugeant que "cela imposerait trop de contraintes au MES et irait à l'encontre de son objet qui est de renflouer les pays en grande difficulté".

L'Allemagne voudrait voir le MES se transformer en un Fonds monétaire européen, ce qui ne rendrait plus nécessaire la participation du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Banque centrale européenne (BCE) à la résolution des crises telles que celles qui ont frappé la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne ou encore Chypre.

Ces discussions au Luxembourg s'inscrivent dans un débat plus vaste sur une consolidation de la zone euro, le président français Emmanuel Macron proposant par exemple de la doter d'un budget mis en oeuvre par un ministre des Finances et contrôlé par son propre parlement.

De fait, en dehors de transformer le MES, circulent également d'autres idées, comme précisément créer un budget de la zone euro, nommer un ministre des Finances de la zone euro ou encore créer au sein du Parlement européen un sous-groupe propre à la zone euro. (Avec Jan Strupczewski, Bertrand Boucey et Wilfrid Exbrayat pour le service français)