(Actualisé avec contexte, citation du chef de cabinet des ministres et grèves prévues)

par Hugh Bronstein et Jorge Otaola

BUENOS AIRES, 30 août (Reuters) - La banque centrale d'Argentine a porté jeudi son principal taux directeur à 60% dans l'espoir d'endiguer l'inflation, une initiative spectaculaire qui n'a pas suffi à enrayer la chute du peso, tombé à un plus bas historique face au dollar.

La monnaie argentine, qui a désormais perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année, plongeait de près de 20% vers 16h25 GMT, au-dessus de 40 pour un dollar , un creux sans précédent.

Le peso argentin est victime des inquiétudes suscitées par le niveau élevé de l'inflation, le ralentissement de l'économie et les conséquences plus larges des turbulences sur les marchés émergents liées à l'appréciation du dollar.

Outre le relèvement de son taux directeur de 15 points de base à 60%, la banque centrale a relevé le taux de réserves obligatoires des banques de cinq points.

Avant ces annonces, le coût d'une garantie contre un risque de défaut de l'Etat argentin sur sa dette en dollar à cinq ans avait bondi de plus de 40 points à 696 points selon les données d'IHS Markit.

La banque centrale a convoqué une réunion spéciale de son comité de politique monétaire, qui a voté à l'unanimité en faveur de ce relèvement de taux "en réponse à la situation des taux de change et au risque d'une inflation accrue", déclare-t-elle dans un communiqué.

Mercredi, pour tenter d'apaiser les marchés financiers, le gouvernement argentin a demandé au Fonds monétaire international (FMI) d'accélérer le versement d'une partie des 50 milliards de dollars de financements prévus. Le FMI a simplement déclaré étudier cette demande en réclamant un resserrement des politiques monétaires et budgétaires en Argentine.

En dépit de la signature de cet accord de financement avec le FMI au début de l’année, le président Mauricio Macri s'efforce de convaincre les marchés qu'il peut stimuler la croissance économique tout en réduisant les déficits publics et l'inflation.

Son chef de cabinet, Marcos Peña, a assuré jeudi devant la presse que le gouvernement "trouverait des moyens d'accélérer le processus de resserrement budgétaire".

L'Argentine est déjà convenue avec le FMI de ramener le déficit budgétaire cette année à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) et à 1,3% l'an prochain, contre 3,7% en 2017.

Les mesures d'austérité rencontrent l'hostilité des Argentins qui doivent déjà faire face à une hausse de leurs factures de chauffage, d'électricité et d'eau.

La CGT, première confédération syndicale du pays, et d'autres syndicats ont appelé à des grèves générales de 24 heures et de 36 heures fin septembre pour protester contre ces mesures. (Marc Angrand et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)