KABOUL, 6 janvier (Reuters) - L'Afghanistan va libérer 88 prisonniers même si les Etats-Unis les considèrent comme dangereux et souhaitent les maintenir en détention, indique l'organisme chargé d'examiner leurs dossiers.

Les prisonniers sont détenus dans un centre situé à la base aérienne de Bagram au nord de Kaboul. Les Etats-Unis n'ont que récemment transféré la gestion de cette prison aux autorités afghanes. Elle était devenue une source de tension importante avec le gouvernement afghan.

Les Etats-Unis ayant affirmé qu'il y avait des preuves de la participation des prisonniers au meurtre de soldats étrangers et qu'ils constituaient une menace pour la sécurité, le président Hamid Karzaï a donné pour instruction aux responsables des services de renseignements afghans de communiquer à l'organisme de gestion des dossiers des preuves plus solides contre les prisonniers.

Mais le chef du conseil de révision, Abdul Shakor Dadras, a déclaré que malgré les preuves, les détenus ne seraient pas forcément maintenus plus longtemps en prison.

"Les documents que nous avons vus pour l'instant ne donnent pas de raison de les condamner", a déclaré Abdul Shakor Dadras joint par téléphone dimanche soir.

"Notre décision est de les libérer aussitôt que possible en l'absence de preuves les incriminant".

Le désaccord sur les prisonniers est une nouvelle source de tensions dans les relations entre l'Afghanistan et les Etats-Unis, déjà mises à mal par le refus d'Hamid Karzaï de signer un accord de sécurité bilatéral pour organiser la présence militaire américaine dans le pays après le retrait de la quasi-totalité des forces américaines cette année.

Selon les Etats-Unis, 40% des prisonniers ont été impliqués dans des attentats dans lesquels 57 civils afghans et membres des forces de sécurité ont été tués ou blessés. En outre, 30% des prisonniers auraient pris part à des attaques directes ayant tué ou blessé 60 membres de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité, sous commandement de l'Otan). (Hamid Shalizi; Danielle Rouquié pour le service français)