* Le PIB attendu en hausse de 3,6% annualisé après +4,1% au T1

* La consommation privée devrait avoir augmenté de 0,5%

* Reprise attendue de l'investissement des entreprises

par Leika Kihara

TOKYO, 8 août (Reuters) - La croissance de l'économie japonaise devrait avoir atteint 3,6% en rythme annualisé sur avril-juin, montre une enquête de Reuters, un troisième trimestre consécutif d'expansion qui traduirait l'impact de plus en plus net des politiques "reflationnistes" du Premier ministre, Shinzo Abe.

Le chiffre qui sera publié lundi matin à Tokyo devrait en outre conforter le gouvernement dans sa volonté de relever la TVA l'an prochain, même si la mise en application de ce projet politiquement sensible implique bien d'autres facteurs, notent des économistes.

Le deuxième trimestre devrait certes avoir marqué un léger ralentissement de la croissance après celle de 4,1% annualisée de janvier-mars, tirée essentiellement par la consommation des ménages, mais les statistiques d'avril-juin devraient montrer une reprise des exportations et de l'investissement des entreprises, ajoutent-ils.

"La croissance est équilibrée avec une demande intérieure et une demande extérieure fortes. C'est un signe montrant que l'impact des politiques d'Abe est de plus en plus large", explique Yoshiki Shinke, chef économiste du Dai-ichi Life Research Institute à Tokyo.

Par rapport au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) devrait avoir augmenté de 0,9% sur avril-juin, la demande étrangère y contribuant à hauteur de 0,2 point, montre l'enquête de Reuters.

La consommation privée est attendue en hausse de 0,5% d'un trimestre sur l'autre, ce qui marquerait un ralentissement après sa progression de 0,9% sur janvier-mars. Mais l'investissement des entreprises, qui avait baissé de 0,3% sur les trois premiers mois de l'année, devrait avoir rebondi de 0,7%.

LA HAUSSE DE LA TVA, ENJEU CLÉ POUR 2014

Le gouvernement Abe prévoit de relever le taux de la TVA de 5% à 8% en avril prochain, puis à 10% en octobre 2015, dans le cadre des efforts engagés pour tenter de contenir la dette publique, qui dépasse 200% du PIB, le ratio le plus élevé des grands pays industrialisés.

Ce doublement en un an et demi, qui constitue la réforme la plus ambitieuse de la fiscalité nippone engagée depuis des décennies, présente évidemment des risques pour la consommation et plus largement pour la reprise, car il risque de freiner les dépenses des ménages.

Shinzo Abe a déclaré qu'il adopterait au cours de l'automne une décision définitive en la matière, en fonction notamment de l'évolution de la conjoncture. D'ici-là, il aura notamment pris connaissance des chiffres révisés du PIB du deuxième trimestre, dont la publication est prévue le 9 septembre.

Une enquête de Reuters montre que la plupart des économistes du secteur privé sont favorables au relèvement de la TVA selon le calendrier initialement prévu, jugeant que l'économie peut désormais encaisser le choc.

Lundi, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé Tokyo à mettre en oeuvre son projet, jugeant qu'il s'agissait d'une "première étape indispensable" pour résoudre les problèmes budgétaires du Japon. (voir: )

Mais même si les chiffres du PIB sont aussi solides qu'attendu et sont confirmés le mois prochain, Shinzo Abe ne prendra une décision qu'après avoir étudié les conclusions de plusieurs études qu'il a mandatées sur l'impact à attendre de la réforme, expliquent plusieurs sources.

Prudent, le chef du gouvernement a aussi demandé à ses services d'envisager des alternatives à cette réforme.

"Un bon chiffre du PIB pourrait renforcer le scénario d'une hausse de la TVA selon le projet initial. Mais la décision finale relève d'Abe et de lui seul", estime Yoshiki Shinke.

"Ce qui sera plus important que les chiffres passés du PIB, c'est la manière dont l'économie réagira si la TVA augmente bel et bien. A ce stade, elle est très difficile à prédire."

Les indicateurs japonais en temps réel (Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)