par James Mackenzie et Maayan Lubell

JERUSALEM, 28 octobre (Reuters) - Israël est entré, par des opérations au sol dans la bande de Gaza, dans la deuxième phase d'une guerre "longue et difficile" contre le Hamas, a déclaré samedi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

L'enclave palestinienne, assiégée depuis les attaques du groupe islamiste qui ont fait 1.400 morts le 7 octobre en Israël, est quasiment coupée du monde extérieur depuis vendredi soir, alors que les frappes de l'aviation israélienne se sont nettement intensifiées.

Les bombardements d'Israël sur la bande de Gaza, enclave côtière de 2,3 millions d'habitants, ont fait à ce jour 7.650 morts d'après le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas.

Lors d'une conférence de presse au côté du ministre de la Défense Yoav Gallant et du ministre du cabinet de guerre Benny Gantz, Benjamin Netanyahu a assuré que tout serait fait pour secourir les plus de 200 otages israéliens ou étrangers retenus par le groupe islamiste palestinien, dont les proches se sont rassemblés pour manifester leur inquiétude à Tel Aviv.

"C'est la deuxième étape d'une guerre dont les objectifs sont clairs : détruire les capacités militaires et politiques du Hamas et ramener les otages à la maison", a déclaré Benjamin Netanyahu en appelant à nouveau les civils palestiniens à évacuer le nord de la bande de Gaza où Israël concentre ses assauts.

Sans livrer de détails, l'armée israélienne a déclaré que des troupes d'infanterie envoyées vendredi soir dans la bande de Gaza étaient toujours à l'oeuvre.

GUTERRES "SURPRIS PAR L'ESCALADE"

Les opérations terrestres pourraient aider à la libération des otages en accentuant la pression sur le Hamas, a estimé Yoav Gallant lors de la conférence de presse, un argument déjà avancé par Benjamin Netanyahu lors d'une rencontre avec plusieurs familles d'otages dans l'après-midi, qui se sont dites dévorées d'inquiétude face à ces opérations terrestres.

Devant la presse, Benjamin Netanyahu a déclaré que l'hypothèse d'un échange entre les otages et tous les prisonniers palestiniens en Israël, que propose le Hamas, avait été débattu au sein de son cabinet. Il n'a pas souhaité en dire davantage.

La multiplication des frappes sur la bande de Gaza a fait réagir le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui s'est dit "surpris" par cette "escalade" alors qu'il avait été "encouragé" ces derniers jours par les appels de la communauté internationale, Occidentaux compris, à des pauses humanitaires pour aider la population de l'enclave.

Alors que de nombreux immeubles du territoire ont été rayés de la carte, et que les abris sont rares, les Gazaouis manquent de vivres, d'eau potable, de carburant et de médicaments. Leur sort s'est encore aggravé vendredi soir avec la coupure des services téléphoniques et d'internet, suivis d'intenses bombardements durant la nuit.

Sans téléphone portable, personne n'est en mesure d'appeler les secours et les services d'urgence n'ont plus d'essence, témoigne un journaliste de Gaza.

De nombreux rassemblements de soutien aux Palestiniens ont été organisés samedi en Europe, à Londres notamment, et en Asie.

Israël a annoncé le rappel de ses diplomates en Turquie après un discours du président turc Recep Tayyip Erdogan dénonçant les "crimes de guerre" israéliens lors d'un vaste rassemblement pro-palestinien à Istanbul.

(Reportage James Mackenzie, Nidal al-Mughrabi; avec Riham Alkousaa, Omar Abdel-Razek, Ari Rabinovitch, Adam Makary, Ali Swafta, John Davison, Michelle Nichols, Yann Tessier, Baranjot Kaur et Rami Ayyub, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)