* Trois roquettes Katioucha ont visé l'aéroport

* Pause dans les manifestations samedi

* Le gouvernement envoie une délégation à Bassorah

* Le chef de la police de Bassorah démis de ses fonctions (Actualisé avec précisions sur politique)

par Aref Mohammed et Raya Jalabi

BASSORAH/ERBIL, Irak, 8 septembre (Reuters) - L'aéroport de Bassorah, deuxième ville d'Irak, a été la cible de tirs de roquettes samedi matin après une nouvelle nuit de manifestations contre la classe politique irakienne lors de laquelle le consulat d'Iran a été incendié.

La ville, qui compte plus de deux millions d'habitants, est en proie depuis cinq jours à des manifestations violentes contre la déliquescence des services publics, la corruption, les coupures d'électricité et le manque d'eau potable. On compte pas moins de 13 morts chez les manifestants depuis lundi et des dizaines de blessés. Des bâtiments gouvernementaux ont été saccagés et incendiés.

Le mouvement contre la corruption et l'incurie de l'administration a commencé en juillet pour s'intensifier cette semaine.

Les organisateurs des manifestations avaient annoncé qu'ils feraient une pause samedi. Les forces de l'ordre étaient néanmoins très visibles au moment où les rues se sont vidées pour le rétablissement du couvre-feu, à 16h00 (13h00 GMT).

Samedi matin, trois roquettes Katioucha ont été tirées sur le périmètre de l'aéroport, selon les forces de l'ordre. Les tirs n'ont apparemment fait ni blessés ni dégâts. Le consulat des Etats-Unis est adjacent à l'aéroport.

Un responsable de l'aéroport a déclaré qu'il n'y avait pas eu de perturbation des opérations et que les vols décollaient et atterrissaient normalement.

L'attaque a eu lieu peu après la levée du couvre-feu et quelques heures après la réouverture d'Oum Kasr, principal port maritime irakien, que les manifestants avaient un temps paralysé en en bloquant l'entrée.

EN URGENCE

Vendredi, des manifestants ont fait irruption dans les locaux du consulat d'Iran et y ont mis le feu pour protester contre l'influence présumée de la République islamique sur la vie politique irakienne. L'Iran et l'Irak ont fermement condamné cette action.

D'autres manifestants sont entrés à l'intérieur d'un site de traitement de l'eau relié au gisement pétrolier de West Qurna 2, ont retenu en otage deux employés irakiens pendant environ une heure avant de quitter les lieux de manière pacifique. La production n'a pas été interrompue, a déclaré un responsable du gisement.

La crise intervient alors qu'à Bagdad, le nouveau gouvernement issu des élections du mois de mai n'a toujours pas été constitué. Le nouveau parlement s'est réuni pour la première fois lundi, mais n'a pas réussi à élire son président, encore moins à désigner un nouveau Premier ministre.

Le parlement s'est réuni en urgence samedi pour discuter de la crise à Bassorah. Le Premier ministre sortant, Haïdar al Abadi, a dit craindre que la situation ne dégénère en conflit armé.

Après la séance, les deux principaux blocs issus des élections, la Coalition de la conquête, dirigée par l'ancien Premier ministre Nouri al Maliki, et Sairoun, animé par le dirigeant chiite Moktada al Sadr et le chef d'un groupe armé chiite soutenu par l'Iran, Hadi al Amiri, ont appelé Haïdar al Abadi à démissionner.

Hadi al Amiri avait déjà appelé le chef du gouvernement à la démission vendredi.

Lors d'une réunion du conseil des ministres samedi, le gouvernement a décidé d'envoyer une délégation à Bassorah. Le Premier ministre a déclaré avoir ordonné une enquête sur les forces de sécurité pour avoir "manqué à leur devoir" en ce qui concerne la protection des bâtiments gouvernementaux et du consulat d'Iran.

Les chefs de la police de Bassorah et du commandement des opérations de Bassorah et ont tous deux été démis de leurs fonctions samedi. (Danielle Rouquié pour le service français)