* Le Premier ministre dit vouloir confirmer sa démission

* Il se dit totalement libre de ses mouvements en Arabie

* Il réclame la neutralité du Liban, seule condition pour revenir sur sa décision (Actualisé tout du long)

par Lisa Barrington et Laila Bassam

BEYROUTH, 12 novembre (Reuters) - Le Premier ministre libanais Saad Hariri, qui se trouve depuis plus d'une semaine en Arabie saoudite, a annoncé dimanche son retour au Liban dans les deux ou trois jours pour confirmer sa démission.

Il a évoqué la possibilité de revenir sur sa décision, à la condition que le Hezbollah cesse d'intervenir dans les conflits régionaux.

Le chef du gouvernement a donné une interview à la chaîne libanaise Future TV, qui lui appartient, s'exprimant pour la première fois depuis la lecture de sa lettre de démission lors d'une allocution télévisée à Ryad il y a huit jours.

Le président libanais Michel Aoun, qui n'a pas accepté sa démission, réclame son retour depuis plusieurs jours.

Alors que des sources à Beyrouth accusent l'Arabie saoudite de le retenir contre son gré, Saad Hariri a assuré qu'il était tout à fait libre de ses mouvements.

"Je suis librement dans le royaume, et si je veux voyager demain, je voyagerai. J'ai une famille et c'est mon droit de la protéger", a-t-il déclaré.

En annonçant sa démission le 4 novembre, Saad Hariri avait dit craindre une tentative d'assassinat. Son père Rafic, ancien Premier ministre, a été tué dans un attentat à Beyrouth en 2005.

Saad Hariri, principal responsable politique sunnite au Liban, a prévenu que son pays risquait des sanctions économiques de la part des pays arabes en raison des interventions au Yémen et à Bahreïn du Hezbollah, le parti chiite libanais qui fait partie de la coalition gouvernementale qu'il dirige.

"OÙ EXPORTONS-NOUS NOS BIENS?"

Saad Hariri a évoqué la possibilité de revenir sur sa décision mais en posant une condition: que le Liban applique une politique de "dissociation" et de neutralité dans les conflits régionaux.

Il a mentionné le Yémen, où les forces saoudiennes luttent contre les rebelles chiites houthis, soutenus par Téhéran selon Ryad.

Le Hezbollah combat aux côtés des forces de Bachar al Assad en Syrie.

La crise entre Ryad et le Liban s'inscrit dans le cadre d'une montée des tensions entre l'Arabie saoudite, dirigée par la monarchie sunnite des Saoud, et l'Iran chiite.

Selon le royaume saoudien, Hariri a démissionné parce que le Hezbollah, soutenu par Téhéran, a désormais la haute main sur le système politique du pays du Cèdre.

Le Hezbollah accuse Ryad de détenir Hariri et de l'avoir contraint à démissionner pour déstabiliser le Liban.

Sur Future TV, Saad Hariri a laissé entendre que le Liban pourrait se voir imposer des sanctions par les pays arabes.

"Nous savons qu'il y a des sanctions américaines (visant le Hezbollah) mais est-ce qu'on leur ajoute des sanctions arabes, quel est notre intérêt en tant que Libanais?", a-t-il demandé.

"La dissociation est au fondement de l'intérêt du Liban. Où exportons-nous nos biens, si ce n'est dans les pays arabes? Où travaillent nos fils?" a-t-il ajouté, mentionnant les 300.000 ou 400.000 Libanais présents dans les pays du Golfe.

"Nous devons travailler pour préserver cet intérêt et cet intérêt est menacé. C'est pour cette raison que j'ai fait ce que j'ai fait."

(Lisa Barrington, Tom Perry, Laila Bassam; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)