* Cahuzac juge "dérisoire" l'exil du comédien

* La France devient "la risée du monde", estime Pécresse

* Elisabeth Depardieu demande d'arrêter la "curée"

PARIS, 6 janvier (Reuters) - L'exil de Gérard Depardieu est "un peu dérisoire", a jugé dimanche le ministre français du Budget, alors que l'acteur a reçu un passeport russe après avoir choisi de s'établir en Belgique pour des raisons fiscales.

La décision du comédien, l'un des mieux payés du cinéma français, avait été jugée "assez minable" par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, dans un climat de controverse aiguë sur la politique fiscale du pouvoir socialiste français, jugée confiscatoire par certains hauts revenus du pays.

"Je trouve un peu dérisoire que pour des raisons fiscales, cet homme décide de s'exiler si loin à l'Est. La nationalité est un bien précieux, un bien qui nous est commun", a déclaré Jérôme Cahuzac dans le cadre du "Grand Rendez-vous" Europe 1/i-télé/Le Parisien Aujourd'hui en France.

"Faire preuve d'un patriotisme de bon aloi quand le pays est appelé à un effort rude, incontestablement difficile, donner l'impression qu'on s'exonère de ce patriotisme, je trouve ça infiniment regrettable", a-t-il ajouté.

La députée UMP Valérie Pécresse, qui précédait Jérôme Cahuzac à Bercy, déclare qu'elle "souffre de voir la France devenir la risée du monde".

"Il faut bien comprendre que le seuil de tolérance fiscale est dépassé", déclare-t-elle dans un entretien au Journal du Dimanche, évoquant notamment la contribution exceptionnelle de 75% sur les revenus supérieurs à un million d'euros par an décidée par François Hollande et censurée par le Conseil constitutionnel.

Une nouvelle disposition, aménagée mais "dans le même esprit", est en préparation.

"IL FAUT ARRÊTER ÇA"

"La censure des 75% est un premier avertissement : en France, les impôts ne peuvent pas être confiscatoires. Cela entraîne le départ des plus riches et, beaucoup plus grave, la délocalisation des emplois et des centres de décision par les entreprises, un phénomène qui ne se voit pas pour le moment mais qui se traduira dans les chiffres du chômage", estime Valérie Pécresse.

"Au final, ce seront les classes moyennes qui devront payer les impôts. On va vers une révolte fiscale des classes moyennes", affirme l'ancienne ministre du Budget.

Dans une interview dont l'intégralité sera diffusée lundi sur RTL, Elisabeth Depardieu, ex-épouse du comédien, juge "absurde de taper comme ça sur lui, alors qu'il était si facile peut-être de le récupérer".

"C'est quelqu'un qui est parti parce qu'il manquait d'attention, d'amour. Quand il se sent refusé, il devient provocateur, il va essayer de ressembler à ceux dont on a peur", explique-t-elle, selon des extraits diffusés dimanche.

"C'est quelqu'un qui a toujours travaillé, qui n'a jamais pris un jour de vacances de sa vie, qui travaille, qui travaille et qui travaille, et qui a la responsabilité d'entreprise", a-t-elle souligné.

"Moi je trouve très injuste cette curée. (...) Ce que je sais, c'est qu'il faut arrêter ça, parce que c'est quelqu'un qui est apparemment très fort et je pense que vous sentez bien qu'il ne l'est pas tant que ça. Il peut dérailler, il peut dire n'importe quoi". "Je pense qu'il n'a pas pris la mesure de son acte en partant, mais là, la mesure, on la lui a donnée".

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