par Nidal al-Mughrabi, Mohammed Salem et Maayan Lubell

GAZA/JÉRUSALEM, 29 novembre (Reuters) - Israël a reçu mercredi une nouvelle liste d'otages devant être libérés dans la journée par le Hamas en échange de prisonniers palestiniens, au dernier jour théorique de la trêve dans la bande de Gaza, bien que d'intenses efforts diplomatiques se poursuivent pour la prolonger.

Les familles des otages israéliens qui doivent retrouver la liberté mercredi ont été informées du retour de leurs proches, a rapporté la chaîne publique israélienne Kan, un soulagement pour les familles concernées alors qu'il ne reste que quelques heures pour négocier une prolongation de la trêve en vigueur depuis six jours.

Israël s'est dit prêt à ne pas reprendre ses opérations militaires si le Hamas continue de libérer au moins 10 otages par jour. Mais alors que de moins en moins de femmes et d'enfants sont encore détenus par le groupe palestinien, il pourrait être nécessaire de négocier, pour la première fois, la libération d'au moins quelques hommes.

Le Hamas et le Djihad islamique ont libéré mardi 12 otages supplémentaires, dix citoyens israéliens et deux ressortissants thaïlandais. Cela porte à 81 le nombre d'otages libérés, dont 60 femmes et enfants israéliens ou binationaux, parmi les quelque 240 personnes enlevées par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre, qui a fait 1.200 morts selon Israël.

En réponse à l'attaque du Hamas, Israël a mené une campagne de bombardements dans la bande de Gaza, où elle a ensuite lancé une offensive terrestre. Plus de 15.000 Palestiniens ont été tués depuis lors, selon les autorités locales, tandis que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées.

DISCUSSIONS AU QATAR

Israël a de son côté libéré mardi soir 30 détenus palestiniens de la prison israélienne d'Ofer, en Cisjordanie occupée, et d'un centre de détention de Jérusalem. Cela porte à 180 le nombre total de détenus palestiniens libérés dans le cadre de la trêve.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a fait aucun commentaire sur les discussions en cours pour tenter de prolonger une nouvelle fois la trêve, mais il a fait savoir que les services de sécurité avaient ajouté mardi 50 noms sur la liste des détenues palestiniennes susceptibles d'être échangées contre des otages.

Le Qatar a accueilli mardi des responsables du renseignement israélien et américain. Ils ont étudié les éléments qui permettraient de prolonger la trêve et ont également discuté des moyens de parvenir à un cessez-le-feu de plus longue durée, a déclaré une source au fait du dossier.

Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont appelé mardi, dans une déclaration commune, à une prolongation du cessez-le-feu et à une augmentation de l'aide humanitaire acheminée dans l'enclave palestinienne.

La trêve a offert un premier répit à Gaza, après sept semaines de combats et de bombardements qui ont réduit à l'état de ruines une grande partie de l'enclave palestinienne.

L'accord initial conclu entre Israël et le Hamas en vue d'une trêve de quatre jours devait expirer dans la nuit de lundi à mardi, mais les deux parties ont accepté de le prolonger de deux jours afin de permettre la libération d'un plus grand nombre de personnes.

SITUATION HUMANITAIRE TOUJOURS DRAMATIQUE À GAZA

L'offensive lancée par Israël en réponse à l'attaque du 7 octobre a entraîné l'effondrement du système de santé dans la bande Gaza, en particulier dans le nord, où aucun hôpital ne fonctionne plus.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que les maladies pourraient bientôt provoquer plus de décès parmi la population de Gaza que les bombardements, indiquant que nombre d'habitants n'avaient pas accès aux médicaments, aux vaccins, à l'eau potable ou la nourriture.

"La situation humanitaire est dramatique. Dans le même temps, nous souhaitons la libération de tous les otages qui, selon nous, doit être inconditionnelle et immédiate. Mais nous avons besoin d'un cessez-le-feu humanitaire à Gaza maintenant", a déclaré mardi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

La trêve temporaire a permis l'entrée d'environ 800 camions transportant de l'aide dans la bande de Gaza.

Le directeur des Affaires humanitaires de l'Onu, Martin Griffiths, doit se rendre mercredi à Amman, en Jordanie, pour discuter de l'ouverture du point de passage de Kerem Shalom, en Israël, afin de permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Situé à l'intersection d'Israël, de la bande de Gaza et de l'Egypte, le point de passage de Kerem Shalom permettait l'entrée de plus de 60% de l'aide destinée à Gaza avant le début du conflit.

L'aide destinée à Gaza transite actuellement par le poste frontalier de Rafah, situé à la frontière avec l'Egypte, conçu pour le passage de piétons. (Reportage de Nidal al-Mughrabi au Caire, Mohammed Salem et Roleen Tafakji à Gaza, Maayan Lubell, Henriette Chacar et Dan Williams à Jérusalem, Ali Sawafta à Ramallah, Steve Holland et les rédactions de Reuters, rédigé par Cynthia Osterman et Peter Graff ; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün, édité par Nicolas Delame)