BERLIN, 18 janvier (Reuters) - L'Allemagne va devoir augmenter les budgets de la police, de l'éducation et de la santé d'au moins 5 milliards d'euros pour réussir à intégrer le million de demandeurs d'asile arrivés l'an dernier sur son territoire et éviter des tensions au sein de la société, a déclaré lundi le vice-chancelier et ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel.

"Nous ne pourrons gérer la double tâche de l'intégration, c'est-à-dire la prise en charge des nouveaux arrivants, et de la préservation de la cohésion de notre société que si nous avons un Etat fort en capacité d'agir", a-t-il dit à l'issue à une réunion de son Parti social-démocrate (SPD), partenaire des chrétiens démocrates d'Angela Merkel au sein de la "grande coalition".

Le pays, a-t-il énuméré, aura besoin de 9.000 policiers supplémentaires, de 25.000 nouveaux enseignants et de 15.000 personnels de santé. Il a aussi estimé qu'un doublement du financement des structures publiques de logement serait nécessaire.

Gabriel a prôné un effort conjoint mené tant au niveau fédéral qu'au niveau des Länder et des municipalités.

"Le coût de ce 'paquet intégration' est d'environ cinq milliards d'euros et le gouvernement, les Länder et les municipalités doivent s'accorder sur qui fera exactement quoi", a poursuivi le ministre.

Après les agressions du nouvel an à Cologne et dans d'autres villes allemandes, où des femmes ont été prises pour cible, le dirigeant social-démocrate a prévenu la classe politique allemande qu'il ne fallait pas donner le sentiment à la population d'être abandonnée à elle-même face aux défis de l'intégration.

"Nous ne devons pas nous contenter de dire 'Nous pouvons le faire' (ndlr, l'expression devenue slogan de Merkel pour justifier son approche de la crise des réfugiés), nous devons aussi réunir les conditions adéquates", a-t-il dit.

Le budget fédéral allemand a dégagé l'an passé un excédent de 12,1 milliards d'euros, le double de ce que prévoyait le gouvernement en début d'exercice. (voir )

L'Allemagne, qui compte un peu plus de 80 millions d'habitants, a accueilli l'an passé 1,09 million de demandeurs d'asile. (Michael Nienaber et Caroline Copley; Henri-Pierre André pour le service français)