20 octobre (Reuters) - Royal Mail, le service postal britannique, était nettement sous-évalué lors de son offre publique de vente (IPO) ce mois-ci, selon un article du Financial Times qui relance le débat sur le prix auquel s'est effectué l'opération.

Des banques d'investissement finalement non retenues pour l'IPO avaient en juin valorisé le groupe à cinq milliards de livres (5,9 milliards d'euros), et deux d'entre elles au moins avaient estimé le prix maximum à 500 pence l'action, précise le quotidien dans son édition de samedi, en citant des sources bancaires.

Le gouvernement a finalement opté pour un prix de 330p l'action pour la privatisation de 62% du capital de Royal Mail, et le titre a grimpé de plus de 50%, à 500p, depuis le début de la cotation le 11 octobre. (voir )

La mise à prix à 330p correspondait à une valorisation de 3,3 milliards de livres pour le groupe, un montant jugé bien trop bas par l'opposition travailliste qui a accusé le gouvernement de brader un des joyaux de la couronne.

Vince Cable, le secrétaire d'Etat en charge des entreprises, a rejeté vendredi ces accusations et assuré que la menace d'une grève par le personnel de Royal Mail avait influé sur le processus de fixation du prix.

Les salariés de Royal Mail ont voté mercredi dernier en faveur d'une grève d'un jour, le 4 novembre, à l'appui de leurs revendications sur les salaires et les conditions de travail.

ENQUÊTE PARLEMENTAIRE

Les banques, lorsqu'elles font acte de candidature pour des opérations aussi importantes, peuvent parfois être tentées de gonfler les estimations pour emporter le marché, a reconnu une source bancaire.

Nadhim Zahawi, un député conservateur, les accuse carrément d'incompétence.

"Pour moi, cet article a été inspiré par quelques banques amères qui n'étaient pas dans le coup", a-t-il dit à la BBC. "Certaines banques qui avaient postulé ne connaissaient pas le groupe et ne comprenaient pas son activité", a-t-il ajouté en prédisant que l'effervescence autour du titre serait retombée d'ici six mois.

Le livre d'ordres de la privatisation a montré que l'offre publique de vente à destination des investisseurs avait été souscrite 20 fois. Pour l'opposition travailliste, il aurait donc été possible de tirer beaucoup plus de l'opération, au bénéfice du contribuable britannique.

Vincent Cable et Lazard, qui avait fait office de conseil indépendant pour l'opération, auront à s'expliquer devant une commission parlementaire le mois prochain.

Goldman Sachs et UBS ont organisé la vente des actions et étaient co-teneurs de livres avec Barclays et Bank of America Merrill Lynch. (Kylie MacLellan et Marie-Louise Gumuchian, Véronique Tison pour le service français)