* La participation à plus de 70% dans les 26 premières circonscriptions

* Les premiers résultats par circonscriptions donnent le "Out" gagnant

* Les résultats officiels attendus dans la nuit

* Un sondage YouGov donne le camp du "In" à 52% mais la prudence reste de mise

* Partisan du Brexit, Nigel Farage déclare que le camp du maintien semble l'emporter

par Kate Holton et David Milliken

LONDRES, 24 juin (Reuters) - Les bureaux de vote ont fermé au Royaume-Uni et les premières estimations mitigées suggèrent que l'issue du scrutin reste incertaine, malgré les prévisions des sondages penchant pour une victoire du camp du maintien dans l'Union européenne au terme d'une campagne référendaire âprement disputée.

Sur la base de données venant de 50 circonscriptions sur un total de 382, la participation est à cette heure de 71,5%, soit plus que le taux de participation de 66% lors des élections législatives de 2015 rapporte l'agence de presse britannique Press Association.

A Gibraltar, premier territoire à communiquer des résultats du référendum, Le "Remain" a recueilli une très large majorité, avec 19.322 voix, soit près de 96% des votants, contre 823 voix pour le "Leave".

Mais dans la circonscription de Sunderland, le camp du "Out" a emporté une large victoire, avec 82.394 voix, contre 51.930 voix pour un maintien. Et à Newcastle, le maintien dans l'UE l'a emporté avec une marge bien plus étroite que prévu, avec 50,7% des suffrages.

Après l'annonce des résultats de ces deux circonscriptions, la livre chutait vers 23h40 GMT de près de 2% face au dollar, à 1,4626 dollar, alors qu'elle avait atteint un peu plus tôt un pic de six mois face au billet vert.

De l'aveu du dirigeant du parti europhobe UKIP, Nigel Farage, qui se référait jeudi soir à des sondages privés menés par "certains de ses amis dans les marchés financiers", le pays aurait fait le choix de rester dans l'Union européenne.

Le leader nationaliste a mis en cause l'extension de la date limite pour s'inscrire sur les listes électorales de 48 heures pour expliquer la victoire redoutée du "In"".

"Mon sentiment -- et non, je ne m'avoue pas vaincu -- mais mon sentiment est que le système d'inscription du gouvernement, rajoutant deux millions d'électeurs, une extension de 48 heures, c'est peut-être ce qui a fait pencher la balance", a estimé Nigel Farage.

Autre partisane d'une sortie de l'Union, la ministre Therese Villiers a abondé dans ce sens, déclarant à Sky News, que son sentiment était que le camp du "Remain" l'avait emporté.

A la fermeture des bureaux de vote, un sondage YouGov pour la chaîne Sky News donnait le camp du "In" à 52% des voix contre 48% pour le camp du "Out".

A la publication de cette enquête, qui n'est pas un sondage classique réalisé à la sortie des urnes mais a été menée en ligne dans la journée auprès de 4.800 électeurs, la livre sterling s'est appréciée de 0,75% face au dollar à un niveau plus haut de six mois de 1,4987 dollar.

"Il est encore trop tôt, et il y aura encore des revirements jusqu'aux petites heures du jour, mais pour le moment, les marchés ont considéré ce sondage Yougov comme un fort signal que le camp du 'Remain' l'a emporté", a dit Jeremy Cook, économiste en chef pour le groupe de paiements internationaux World First, à Londres.

Les résultats devraient être annoncés par la plupart des 382 circonscriptions entre 00h00 et 03h00 GMT vendredi. Le résultat officiel définitif ne devrait être proclamé que vendredi matin, sans doute après 05h00 GMT. La participation en revanche, une des clefs du scrutin, pourrait être connue à partir de 22h30 GMT.

"L'EUROPE NÉCESSAIREMENT VA CHANGER"

Quelque 46 millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer sur l'avenir européen de la Grande-Bretagne à l'issue d'une campagne marquée par de profondes divisions et le choc de l'assassinat d'une députée travailliste en faveur du maintien dans le bloc communautaire.

Dirigeants de la communauté internationale, investisseurs et multinationales se sont également invités dans la campagne dominée par les thèmes de l'immigration et de l'économie.

L'issue de cette consultation, sur fond de montée de l'euroscepticisme à l'échelle continentale, sera aussi déterminante pour l'avenir de la construction européenne.

"L'Europe nécessairement va changer quel que soit le vote des Britanniques", a déclaré dans la journée François Hollande, qui rencontrera Angela Merkel lundi à Berlin.

Une victoire du Brexit serait également de nature à déclencher une tempête sur les marchés financiers, déjà très nerveux. Comme en Europe, Wall Street a fini en forte hausse jeudi soir dans l'anticipation d'une victoire du "Remain", un scénario qui écarterait le risque d'une nouvelle crise en Europe et de secousses potentiellement violentes sur les marchés financiers.

ROYAUME DÉSUNI

Dès les premières heures de la journée, les chaînes de télévision montraient de longues files d'attente se former devant les bureaux de vote du pays en dépit de conditions météorologiques peu favorables.

De fortes pluies ont perturbé le vote dans le sud de l'Angleterre ainsi que le réseau de transports publics.

Ces derniers jours, la plupart des enquêtes d'opinion plaçaient les camps du "Leave" et du "Remain" au coude à coude.

Le Premier ministre David Cameron, à l'origine de ce référendum et qui jouait son avenir politique, a voté jeudi matin avant de publier sur Twitter un message invitant les Britanniques à voter "Remain pour que nos enfants et nos petits-enfants aient un meilleur avenir".

La veille, son principal adversaire, l'ancien maire de Londres Boris Johnson déclarait aux partisans du "Brexit" que le scrutin était leur "dernière chance d'en finir avec cette question".

Les investisseurs, les courtiers et les entreprises se préparent à une forte volatilité sur les marchés, quel que soit le résultat du vote et c'est l'ensemble du secteur financier européen qui s'est mis en ordre de bataille pour tenter de surmonter la tempête qui se déclarerait si les Britanniques choisissaient de quitter l'Union européenne.

Tout devait dépendre de la participation, les jeunes Britanniques étant vus comme étant de plus chauds partisans de l'Union européenne que leurs aînés mais moins enclins à se rendre aux urnes.

Les enquêtes d'opinion ont dressé le tableau d'une Grande-Bretagne profondément divisée, avec de grandes différences entre les personnes âgées et les plus jeunes et entre une Ecosse et une ville de Londres pro-européennes et un centre du pays eurosceptique.

Quel que soit le résultat du vote, l'accent mis au cours de la campagne sur l'immigration en Grande-Bretagne, en forte hausse ces dernières années, pourrait accentuer les fractures d'un pays, également marqué par un creusement de l'écart de richesse entre les pauvres et les plus fortunés.

VOIR AUSSI

LE POINT sur le référendum:

ENCADRE Les points à surveiller après la clôture du scrutin: (avec Estelle Shirbon, Sarah Young, Ana Nicolaci da Costa, Michael Holden et Elizabeth Piper; Eric Faye, Nicolas Delame, Jean-Philippe Lefief, Benoît Van Overstraeten, Henri-Pierre André et Julie Carriat pour le service français)